Artiste prolifique chéri par le marché, Chu Teh-chun s’illustre une fois encore avec une toile aussi énigmatique qu’envoûtante. Le «poète plastique» Serge Poliakoff n’est pas en reste avec sa gouache kaléidoscopique.
Dominée par le rouge, tantôt incandescent tel le cœur d’un incendie ou plus étouffé à l’égal des braises sous les cendres, rehaussée de larges aplats noirs et de touches éparses de jaune et de blanc, l’œuvre de Chu Teh-chun accomplit, on le sait, une synthèse sans égale entre la peinture chinoise classique et l’abstraction occidentale. Séduits sans doute par ce syncrétisme unique en son genre, les enchérisseurs se sont disputés la toile jusqu’à 344 500 €, rendant ainsi un bel hommage à l’artiste, grand admirateur de Rembrandt et premier Français d’origine chinoise à être élu à l’Académie des beaux-arts en 1997. C’est un autre Français d’adoption qui gagnait la deuxième marche du podium. Serge Poliakoff (1900-1969) recueillait 75 400 € pour sa Composition abstraite (41 x 56 cm), gouache sur papier de 1956 choisie pour orner la couverture de la Gazette n° 19. Issue de l’ancienne collection Weiss, elle fut présentée à la galerie Bing lors d’une exposition personnelle de cet artiste ayant quitté sa Russie natale en 1918. Figure majeure de l’école de Paris, soutenu par des galeristes comme Dina Vierny, qui lui consacra une exposition en ses murs dès 1951, Poliakoff est également reconnu par les plus grands historiens de l’abstraction, à l’instar de Dora Vallier, Michel Ragon ou Charles Estienne.