Peintre, dessinateur de mode, de costumes et décors pour le théâtre et le ballet et même «designer», Christian Bérard est mis en scène dans toute sa diversité par Jacques Grange à Monaco.
L’inclassable» Christian Bérard (1902-1949) a longtemps dérouté la critique et les institutions. Dans les années 1980, ce sont les galeristes qui le redécouvrent : Albert Loeb, galerie du Passage, L’arc en Seine, Arthème, Alexandre Biaggi à Paris, et Rainbow Fine Art à New York. Les collectionneurs suivent, Pierre Le-Tan en tête, puis les musées français, dont le dernier en date à Évian. Aujourd’hui, c'est celui de Monaco qui présente son «Excentrique Bébé» mais à cette date, aucun musée parisien ne s’est encore risqué à l’exposer. Le noctambule visionnaire Beaucoup d’admirateurs de Bébé, comme Cecil Beaton ou Julien Green, se désolent que ses addictions à l’éphémère de la mode et à la futilité du décoratif l’aient détourné du beau et grand art qui seul mériterait l’éternité : la peinture. C’est ne pas voir que son regard de peintre était celui d’un metteur en scène qui ne percevait dans la réalité qu’une vaste tragicomédie, isolant du bout du pinceau et de ses doigts une scène, un moment, une apparition surgie des coulisses de la vie, faisant d’un carrefour ou d’une plage le décor momentané d’une énigmatique intrigue. Ce regard de magicien, Boris Kochno l’avait bien perçu lors de leurs promenades dans le Paris nocturne des années 1920 : «En m’égarant avec Bérard dans les rues sans nom, délabrées et obscures des quartiers populaires, je vis des personnages mystérieux et des scènes bizarres qu’il semblait susciter du néant. Il avançait sans parler, puis soudain s’arrêtait et montrait de la main ce qu’il voulait…
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