Lors de la présentation du budget 2024 pour la Culture, des mesures ont été annoncées afin d’intensifier les recherches de provenance. Face à un manque de moyens financiers et humains, ces avancées sont-elles à la hauteur ?
Provenance, provenance, dis-moi qui est le propriétaire légitime de ce tableau ? Du latin provenire , constitué de l’infinitif venire pour « venir » et du préfixe pro signifiant « avant », l’étymologie de ce terme renvoie à une sémantique à la fois spatiale et temporelle. Par analogie, la provenance d’un bien correspond à l’historique complet de ses trajectoires. En effet, les œuvres portent en elles les fragments d’une mémoire dissoute, qu’il convient de reconstituer. Cette tâche chronophage et complexe incombe aux chercheurs de provenance. Ils sont aux biens culturels ce que les biographes sont aux individus : un trait d’union entre l’histoire, la mémoire et la connaissance. Écrire la provenance d’un bien, c’est donc mettre en lumière ses différents transferts de propriété depuis sa création à aujourd’hui. C’est, in fine , interroger la légitimité d’une œuvre au sein d’une collection, car si l’acquisition peut résulter d’un achat, d’un don ainsi que d’un legs, il se peut à l’inverse que ce changement de main soit le fruit d’une spoliation, d’un vol, d’une vente forcée ou d’un pillage – termes que l’historienne de l’art Bénédicte Savoy regroupe sous la dénomination de « translocation ». Pierre angulaire des restitutions, rempart contre les faux et le trafic illicite, cette discipline peine encore à se professionnaliser en tant que telle, en dépit de son rôle fondamental. Une discipline au cœur des universités Les récentes formations universitaires proposées en France reflètent l’intérêt accru que suscite la discipline et témoignent de la nécessité de la professionnaliser davantage. Précurseur, l’Institut droit art culture (IDAC) avait dès 2019 intégré au sein de son Master un séminaire portant sur la recherche de provenance d’œuvres MNR des…
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