Le château de Chambord inaugure le premier parcours permanent sur l’histoire des collections nationales entre 1939 et 1945. Plus qu’un état de la recherche en train de se faire, le propos invite à la réflexion sur le rôle des musées entre hier et aujourd’hui.
L’histoire commence comme un roman : « Au cours de ces jours fiévreux, ce fut une improvisation continue et angoissante. […] “Faites de votre mieux et à la Grâce de Dieu !” À cela se bornèrent les instructions qui me furent données à mon départ pour Chambord. […] Tombait comme une bombe sur les dix heures du soir, le feutre en bataille, Albert Henraux (président de la société des Amis du Louvre de 1932 à 1953, ndlr). Ce qu’il m’apportait, je ne le sus qu’après avoir essuyé un stock d’invectives contre Hitler “ce Satan”, et contre Mussolini “ce porc”. “Tenez mon vieux, voilà ce que je vous amène.” Et le souffle m’en fit défaut. Quoi ! Sur une petite camionnette de rien du tout, confiée dans la cour du château à la seule garde de l’ombre, La Joconde , L’Embarquement pour Cythère , les trésors de la galerie d’Apollon qui n’auraient jamais dû bouger qu’avec d’infinies précautions policières ». Cette verve est celle de Pierre Schommer, secrétaire administratif de la Réunion des musées nationaux, qui allait devenir la cheville ouvrière d’un pan méconnu de l’histoire des collections nationales pendant la Seconde Guerre mondiale. Alerté par l’épuration…
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