Du 23 octobre 2012 au 27 janvier 2013, la Bibliothèque nationale de France consacrait une exposition à l’un de ses trésors, les cartes marines. Enluminées sur parchemin, appelées couramment cartes portulans (de l’italien portolano, ou «livre d’instructions nautiques»), elles donnent la succession des ports le long des côtes, tandis que l’espace maritime est sillonné de lignes (ou «rhumbs») correspondant aux directions de la boussole. Ce système graphique permettait aux marins de s’orienter et de faire le point, en reportant sur la carte la distance qu’ils estimaient avoir parcourue. Le plus ancien portulan occidental connu daterait de la fin du XIIIe siècle : c’est la fameuse «carte pisane» de l’établissement parisien. Les vestiges de cette époque sont rares, on le comprend… Véritables œuvres d’art, les portulans impressionnent par leurs dimensions, leur polychromie et leur univers exotique. La preuve par l’image avec ce bifeuillet en latin et en italien, attribuable à un membre de la famille Oliva. Originaires de Majorque, installés en Italie, les Oliva comptent pas moins de treize cartographes, dont certains se fixèrent à Marseille au début du XVIIe, changeant leur nom en Ollive. Cette carte figure les côtes de l’Afrique (dite alors «Barbarie»), celles de la Méditerranée, le delta du Nil, une partie du sultanat turc et de la Terre sainte. Une croix, des bannières, des palmiers, des animaux, dont un dromadaire, animent notre parchemin. Une façon de rappeler que si l’homme moderne ne voyage pas sans cartes ni instruments de géolocalisation, il n’en fut pas toujours ainsi…