Garnissant l’hôtel particulier de Monsieur S., un amoureux des arts de l’après-guerre, et en particulier de leurs céramiques, les pièces de cette vacation honoraient la femme sculpteur.
Dans les années 1950, Guidette Carbonell, outre ses réalisations monumentales s’inscrivant dans les architectures de la reconstruction, se met à façonner tout un petit monde de totems bifaces en céramique émaillée, baptisés les «Harpies». On en avait ici un bel exemple, avec cette grande sculpture montée sur un piétement en fer et base de béton (voir l'article Monstre ou totem, une sculpture ambigüe de Guidette Carbonell de la Gazette n° 18, page 24). L’effigie, monogrammée, et d’une hauteur totale de 100 cm, qui provenait de la maison de l’artiste à Meudon et a été exposée lors de la rétrospective itinérante de son œuvre au musée des Arts décoratifs à Paris, à la Piscine à Roubaix et au musée de la Céramique à Rouen, en 2007-2008. Aussi a-t-elle pu se prévaloir d’une enchère de 74 400 €. L’artiste a également pratiqué la broderie polychrome, comme en témoignaient ici Les Deux Harpies réalisées sur ce support textile, monogrammées et datées «1969» (111 x 112 cm) ; elles partaient pour 16 120 €. On restait avec une céramiste de renom, grâce à un vase en céramique pliée blanche à décor émaillé puce, brun et amande portant la signature de Mado Jolain, ainsi que la date «Octobre 57» (h. 44 cm). Pour cette pièce caractéristique du travail de la plasticienne privilégiant les formes simples et architecturées, un amateur offrait 14 880 €. Il fallait ensuite aller chercher l’autre excellent score du côté des tapisseries : il était détenu par cette œuvre de Jean Lurçat, en collaboration avec le lissier Raymond Picaud : Jubilation de 1964 (312 x 360 cm). Sur fond noir à décor polychrome, monogrammée, la composition – qui avait eu les honneurs de l’exposition tenue l’année dernière à la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson – partait à 23 560 €.