Caprice italien

En 1454, l’île avait été offerte par le sénat vénitien à Fra Simeone da Camerino, théologien réputé appartenant à l’ordre de Saint-Augustin, qui y fit bâtir une église. Elle était constituée de trois nefs ouvrant sur sept chapelles et une abside. Endommagé par les troupes napoléoniennes en 1798-1799, le monastère attenant à l’église fut détruit par décret de l’empereur en 1806, avant la démolition du reste en 1810. L’ancienne île de San Cristoforo della Pace et celle toute proche de San Michele furent réunies en 1836, afin de créer le cimetière de la cité. Situé entre les quais Fondamenta Nuove et Murano, le lieu fut prisé du jeune Antonio Canaletto mais aussi de Francesco Guardi. Le Vénitien, peintre de figures et de paysages, a cependant acquis la célébrité de son talent de védutiste, qui lui assura une place de premier rang, sinon à Venise, du moins à l’étranger, où ses œuvres étaient extrêmement recherchées. Ses vues sont prétexte à une description insolite de certains monuments de la Sérénissime, et surtout à traduire l’immensité de l’espace dans une luminosité diaphane et argentée. Le bleu du ciel presque sans nuage fait écho aux eaux turquoises, sur lesquelles se détache l’édifice religieux. Les petites figures, saisies sur le vif, restent précises dans le scintillement des couleurs. Plusieurs de ses tableaux montrent cette île depuis un point de vue plus à l’ouest, mais tous présentent des différences dans les bateaux et les personnages.