Antonio Canova (1757-1822) est-il l’héritier de Praxitèle et de Lysippe, l’égal de Michel-Ange ? Cette question n’est pas l’objet de cette exposition, mais au vu de la beauté des œuvres présentées ici, la question ne paraît pas si farfelue. La perspective choisie par « Canova, l’éternelle beauté » est plutôt celle des relations entre le sculpteur et sa ville adoptive, Rome. Originaire de Vénétie, formé à Venise, il s’installe dans la Ville éternelle à l’âge de 23 ans, pour y rester et accéder très vite à une gloire prodigieuse. Il étudie attentivement les classiques et Michel-Ange, mais la simplification qu’il impose à ses personnages et à ses monuments, dans une épure quasi abstraite, frappe les esprits qui le considèrent désormais comme le grand protagoniste du néoclassicisme, un mouvement international qui balaye toute l’Europe. Il y a chez Canova à la fois une nostalgie profonde du passé et une conscience vouée à le dépasser dans une rationalité moderne. Cette tension produit un spleen singulier, souvent imité mais jamais égalé. En 1802, Canova accède au poste d’Inspecteur général des beaux-arts, et fort de ce titre et de sa renommée, il réussit à rapatrier en Italie de nombreuses œuvres pillées par Napoléon. Courtisé par l’Empereur, Canova produit plusieurs portraits impériaux dont certains sont exposés ici. L’itinéraire de l’exposition historique et thématique est fluide, et la mise en scène et est sobre et très efficace. L’exposition attire les foules, et son succès n’est pas usurpé.