Un cabinet d’époque Louis XIV digne, par sa qualité d’exécution, des modèles de Pierre Gole (vers 1620-1684). D’origine hollandaise, celui-ci devint ébéniste du Roi-Soleil en 1651. Il se fit connaître par ses beaux cabinets aux impressionnantes marqueteries florales, tel celui livré en 1663 pour la chambre royale à Versailles. Tout comme le nôtre, ce meuble comporte un superbe décor, en façade mais aussi derrière deux portes centrales. Marqueté de bois teintés, de bois de violette et d’ivoire sur fond d’écaille rouge, il s’ouvre par deux vantaux et douze tiroirs en encadrement. Les décors des tiroirs sont enrichis de petites fleurs marquetées et d’ivoire tandis que le tiroir du bas est orné d’oiseaux perchés entourés de branchages fleuris. Au centre, les portes sont agrémentées de vases de fleurs, couronnés d’un fronton sous lequel coulisse un tiroir. Les deux portes, une fois ouvertes, révèlent une perspective théâtrale à décor d’un sol à damiers de bois teinté, encadré de motifs de colonnes à fond de miroir. Posée sur un piétement à pieds colonne d’ordre toscan, cette structure maintes fois répétée dans les cabinets de cette époque s’inspire de créations étrangères. En effet, la France fut l’un des derniers pays européens à adopter ce type de meuble. Auparavant, on importait ces objets inspirés par l’art islamique et son goût pour les incrustations de matériaux précieux d’Allemagne, de Hollande ou d’Italie. C’est Henri IV qui aurait demandé à l’ébéniste Jean Macé d’aller se former aux Pays-Bas afin de lancer en France un centre de production de cabinets en ébène. Les modèles d’origine connaîtront par la suite quelques variations, dont une augmentation de leur taille, et leur piétement adoptera des colonnes tournées, reliées par une tablette d’entretoise. Les vantaux révéleront pour leur part une véritable scène de théâtre et non une façade de palais, comme dans les exemples italiens. Un décor en trompe l’œil, orné de matériaux luxueux, auquel s’ajouteront bientôt des marqueteries florales jouant d’une belle variété de bois. Reflets de la richesse de leurs propriétaires, ces meubles servaient à conserver des bijoux, des objets précieux ou des documents.