Cette Corbeille d’anémones, pichet et tasse est immédiatement reconnaissable. Elle porte en elle la signature de Georges Braque (1882-1963) et, bien que datant de 1925, conserve des souvenirs de la période cubiste. «Braque a entrepris et mené à bien, dans sa vie et son expérience de peintre, une aventure méthodique» : ses mots sont de Pierre Reverdy. Et cela se comprend tant il a construit son œuvre en toute rigueur et discrétion. La Grande Guerre l’ayant meurtri dans son corps et dans son âme, l’artiste se remet au travail dès 1917, mais ne sera plus jamais le même. Il se lance alors dans des natures mortes, aboutissement du cubisme synthétique. Mais il délaisse les hardiesses de l’avant-garde pour laisser la couleur revenir, la toile s’éclaircir et la ligne s’assouplir : retour à un certain réalisme, mais sans rupture. Il va dès lors aborder différents thèmes, traités de manière récurrente afin d’explorer toutes les possibilités de composition. Les natures mortes occuperont largement la décennie 1920, sans jamais d’ailleurs se retirer du devant de la scène. Viendront ensuite les nus, puis les paysages et enfin les oiseaux. L’artiste l’expliquait clairement : «Dans la nature morte, il y a un espace tactile, je dirais presque manuel… Cela répondait pour moi au désir que j’ai toujours eu de toucher la chose et non seulement de la voir». Peintes en 1925, ces anémones mises en valeur dans une corbeille s’épanouissaient à 260 992 €. Cet après-midi largement dévolu à l’art moderne, conclu sur un produit total de 643 357 €, voyait ensuite une huile sur toile de Jean Souverbie (1891-1981) au titre assez explicite au regard de ses trois femmes largement dénudées, Le Bonheur du marin, (92 x 73 cm), retenir 78 747 €. Réalisée en 1927, elle invitait à se souvenir que le peintre, passé par les mouvements nabi et fauve, s’ouvre définitivement au cubisme au début des années 1920, après avoir reçu le choc des œuvres de Braque. Il voit dans ce courant la possibilité d’un renouvellement de l’art classique. En 1925, il expose avec la Section d’or à la galerie Vavin-Raspail et rencontre Charles Gleize, André Lhote et Pablo Picasso, auquel il voue une grande admiration. Ces nus, avec leurs corps sculpturaux installés dans un décor géométrisant, renvoient aux icônes cubistes du Malaguène. Ils lui apporteront le succès dès les années 1930 et la consécration, avec des commandes pour la décoration du palais de Chaillot lors de l’Exposition internationale de 1937, et pour des paquebots.