Gazette Drouot logo print

Boudin dépaysé

Publié le , par Vanessa Schmitz-Grucker
Vente le 30 mars 2023 - 10:00 (CEST) - 44, Schellingstrasse - D-80799 Munich

En Bretagne, Eugène Boudin délaisse le paysage, absorbé par la vie traditionnelle locale. Cette huile sur bois décrit l’une des nombreuses foires de la région, sur lesquelles le Normand aime s’attarder.

Eugène Boudin (1824-1898), Foire en Bretagne, vers 1865-1870, huile sur bois, 29,8 x 41 cm.... Boudin dépaysé
Eugène Boudin (1824-1898), Foire en Bretagne, vers 1865-1870, huile sur bois, 29,8 41 cm.
Estimation : 90 000/120 000 

Le 26 novembre 1856, Boudin écrit dans son journal : « L’envie de fuir me tourmente. Il faut essayer des voyages, ça dérouille. » Dès l’été suivant, il prend la direction du Finistère, où il reste deux mois. Il écrit à son frère, Louis Boudin, le 12 août 1857 : « Le temps est tellement inconstant que le paysage est impossible. » Est-ce la raison pour laquelle il se tourne vers les scènes du quotidien ? Il écrit dans une lettre du 13 août 1867 : « Malgré tout le charme du paysage et des grèves, je n’en ai pas fait une seule étude, tant je suis attiré vers les chaumières aux fortes ombres et aux vieux lits. » La vie des paysans bretons le fascine. Il s’empare, notamment, des travaux des champs, des noces et de ses costumes traditionnels, des foires et des marchés, pour en faire les sujets de ses peintures. Dans cette Foire en Bretagne, la palette sourde, qu’il adopte alors pour traduire l’austérité d’une existence vouée au travail, est ici ponctuée par la blancheur des coiffes bigoudènes. La touche est tourbillonnante, précise mais légère ; la composition est savamment orchestrée selon les règles de la perspective, les lignes convergeant vers la scène principale : le marché aux bestiaux. Pour renforcer ce motif, Boudin place les bovins et les personnes sur une même ligne, passant ainsi de la nature, à droite, à la civilisation, à gauche. Les traits de pinceaux rapides viennent quelque peu contrecarrer la rigueur de cette construction. Le peintre n’a pas su résister à la tentation du ciel, auquel il accorde une place magistrale. Autrefois dans la collection du banquier et mécène Jules Strauss, l’huile est acquise par Madame Aldophe Friedmann, et est restée dans sa descendance jusqu’à ce jour. Reproduite dans le catalogue raisonné de Robert Schmit (page 140), elle est exécutée plus de dix ans après le premier séjour du Havrais en Bretagne, juste avant qu’il ne délaisse la région. Il y reviendra une dernière fois en 1897, date à laquelle il écrit à son frère : « Ma foi, ça ne vaut pas nos côtes normandes. »

jeudi 30 mars 2023 - 10:00 (CEST)
44, Schellingstrasse - D-80799 Munich
Hampel
Gazette Drouot
Bienvenue, La Gazette Drouot vous offre 2 articles.
Il vous reste 1 article(s) à lire.
Je m'abonne