Alors qu’une bible portative révélait sa prouesse technique, les ouvrages aux armes de filles de France et de favorites royales intéressaient le château de Versailles.
La dispersion de cet ensemble de livres anciens affichant de grandes provenances et des reliures armoriées rapportait 523 281 €, voyant aussi les institutions nationales intervenir à plusieurs reprises. Alors que la BnF préemptait à 16 176 € Les Confessions de saint Augustin traduites en français par M. Arnauld d’Andilly en 1651, habillées d’une reliure à la fanfare en maroquin exécutée par Antoine Ruette –relieur ordinaire du roi de 1644 à 1669 –, le château de Versailles acquérait quatre ouvrages. Son premier choix se portait pour 5 308 € sur un calendrier perpétuel aux armes de la comtesse du Barry (1746-1793), une élégante manière de rappeler que la dernière favorite de Louis XV, morte sur l’échafaud, avait la tête bien faite et une bibliothèque renfermant un peu plus de 1 000 volumes. Venait ensuite l’Histoire des campagnes du Roy. Dédiée à Sa Majesté, imprimée à Paris en 1751 et emportée à 7 583 €, un précieux ouvrage aux grandes armes de la marquise de Pompadour (1721-1764). Dans la bataille des favorites, cette dernière – qui fut la première – l’emportait facilement avec une bibliothèque considérable, riche à son décès de près de 4 000 livres… et une place dans l’ouvrage de Quentin Bauchard sur Les Femmes bibliophiles de France. Après les concubines, les enfants légitimes en la personne d’Élisabeth de France (1764-1794), dite Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI, auquel elle manifestait un fort attachement. Dans sa maison de Montreuil, dont le jardin était magnifique, elle avait un ensemble de livres de piété et de science, dont celui de Pierre Fulcrand de Rosset, L’Agriculture, un poème en six chants dans lequel l’auteur célèbre les travaux des champs et la vie à la campagne. Cette leçon était reçue à 3 791 €. Enfin, 2 275 € revenaient à une édition de Barbou de l’Opera de Tacite, ornée d’une fine reliure en maroquin citron aux armes de Madame Sophie (1734-1782), sixième fille de Louis XV et Marie Leszczynska. Un peu de religiosité était de bon aloi. L’enchère la plus élevée, 81 900 €, revenait à une bible portative du XIIIe siècle (reproduite), datable vers 1240-1260, enrichie de belles initiales ornées. Selon l’expert, la mise au point de ces ouvrages portatifs, contenant le texte complet de la Vulgate dans leur petit volume, a certainement bouleversé les pratiques de lecture, notamment pour les membres des ordres mendiants, pouvant ainsi se référer facilement aux textes sacrés pour la rédaction de leurs sermons.