En cette fin d’automne, Maurice Denis est sur tous les fronts : que ce soit avec la réouverture du musée du Prieuré à Saint-Germain-en-Laye en septembre après trois ans de travaux, ou sur les murs de la fondation Vuitton, le collectionneur Ivan Morozov — qui avait une passion pour ses grandes décorations — lui ayant commandé en 1908 un ensemble sur le thème de l’«Histoire de Psyché». C’est justement la maison atelier de l’artiste, acquise en 1914, qui a servi de toile de fond à cette huile sur carton de 1918, dépeignant Bethsabée devant le bassin du prieuré. Appartenant à une année charnière, elle a été décrochée à 78 000 €. À la fin de la Grande Guerre, à laquelle il n’a pas activement participé pour des raisons de santé, le natif de Granville va créer les Ateliers d’art sacré avec Georges Desvallières (1861-1950), dans une perspective de renouveau de l’art chrétien. Cette Bethsabée s’inscrit déjà par son sujet dans cette nouvelle orientation, mais par son style, est totalement empreinte du classicisme renouvelé adopté après les fulgurances nabies. Alors influencé par l’art italien, l’artiste s’est tourné vers de grandes compositions et a délaissé les aplats de couleurs avant-gardistes pour les transcrire. Ce qui n’enlève rien à leur charme !