Pour son troisième solo-show à la galerie Jean Fournier, Bernard Moninot présente plusieurs séries de pièces ayant en commun leurs sources scientifiques, mais aussi l’ineffable poésie qui s’en dégage. Aimant particulièrement jouer avec les phénomènes du cosmos et de la nature, le plasticien expose Point de rosée, sa première sculpture dont l’essence évoque ce moment furtif « entre la nuit et le point du jour engendrant la formation de la rosée ». Ses volumes blancs, suspendus, proches de la statuaire d’El Lissitzky, résultent de sa série « Lisière d’étincellement », splendides lavis où se mélangent dans un dessin virtuose les formes de ce capteur hygrométrique à des fils d’or et des pastilles de mica. Ensecrètement, l’œuvre phare qui donne son nom à l’exposition, est une chambre mêlant entre autres des marionnettes, des mots découpés dans un miroir, dont le reflet s’anime sur les parois textiles de l’installation. À la fois délicate, très étudiée et construite, comme toutes les œuvres de l’artiste-chercheur, cette pièce parle de la mémoire, d’expériences vibratoires, de notre pouvoir imaginaire. Ses « Mémoires du vent » retranscrivent quant à elles l’écriture du phénomène atmosphérique par une plante sur une pellicule de carbone ; « Migrateur partiel », série de dessins acryliques réalisés à la plume d’oie, suggère des vues de ciels nocturnes. Si les œuvres de Bernard Moninot, pétries de références littéraires, sont issues de cheminements intellectuels et expérimentaux pouvant paraître complexes, leur esthétique charme indubitablement.
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