En 1917, après deux années passées à combattre dans l’aviation, Bernard Boutet de Monvel demande à être affecté au Maroc. L’escadrille V 551, dans laquelle il est chasseur-bombardier, est stationnée à Fez. Il y séjournera deux ans et sera fortement marqué par les habitants, la géométrie des villages et la nature de cette région. À la demande du maréchal Lyautey, il reprend ses pinceaux et produit des œuvres qui comptent parmi les plus belles de sa carrière, et parmi celles dont il sera le plus fier. Les «Orientaux», assis, debout, simplement et totalement enveloppés dans leurs burnous, sont autant de sujets d’étude qui seront repris ensuite dans des compositions plus ambitieuses. Il en est ainsi de celui-ci, peint à Fez en 1918, et porté à 38 100 €. Le travail de l’artiste dans le royaume, d’une grande pureté, à l’opposé des clichés de l’orientalisme, est construit à partir de lignes droites, très graphiques, et de camaïeux de tons ocre et sable. Sous ces cieux saturés de lumière, cet excellent portraitiste, grand mondain et chantre de la figuration classique, s’est livré avec un immense talent à un exercice frôlant l’abstraction.