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Aux environs de Cailhau, premières feuilles d’automne

Publié le , par Anne Foster

Village de l’Aude, dans l’arrondissement de Limoux, Cailhau devient célèbre grâce aux pinceaux d’Achille Laugé, qui de 1888 à sa mort, en a fait son «Giverny», aimant noter les moindres changements de saison de ces paysages familiers.

Achille Laugé (1861-1944), La Route de Cailhau, 1914, huile sur toile, 43 x 58 cm.... Aux environs de Cailhau, premières feuilles d’automne
Achille Laugé (1861-1944), La Route de Cailhau, 1914, huile sur toile, 43 x 58 cm.
Estimation : 60 000/80 000 €

Une route bordée d’arbres longe des champs. Les murs d’une maison sur la gauche apparaissent entre les troncs ; un peu plus loin, sur la droite après le virage, le toit d’une maison attire le regard vers l’horizon doucement vallonné. Le temps est clair, la campagne sereine profite des rayons du soleil : un paysage, pourrait-on dire silencieux, pour mieux en souligner l’harmonie. Le peintre le connaît depuis son plus jeune âge. Il est né à une dizaine de kilomètres de là, un peu plus au nord, à Arzens, où ses parents sont paysans. Le père aurait aimé que son fils Achille devienne pharmacien. À Toulouse, entre 1876 et 1881, le jeune Laugé décide d’embrasser la carrière de peintre. Aux beaux-arts de la ville, il fait des rencontres décisives telles celles d’Antoine Bourdelle, Henri Martin et Aristide Maillol ; on les retrouve à Paris, inscrits à l’École des beaux-arts. Plus que les peintres impressionnistes, les œuvres de Seurat, Pissarro et Signac le touchent durablement. Laugé revient dans sa région, s’installe à Carcassonne. Marié en 1893, quatre enfants viennent agrandir le cercle familial. Ses peintures n’attirent que quelques collectionneurs, des fidèles comme Achille Astre, Albert et Maurice Sarraut qui l’accompagneront et le soutiendront durant toute sa carrière. Le peintre séjourne dans son atelier toulousain et travaille à Cailhau, village où il construit une maison, L’Alouette. Il arpente les environs de ce village perché sur une colline, il en connaît toutes les routes, celles sinuant entre les genêts, d’autres contournant des jardins où poussent des amandiers. Ou encore celles écrasées de soleil l’été, aveuglantes de blancheur, soulignées d’ombres entre le violet et l’indigo. Il retrouve ces lieux à l’automne, teintés d’ocre, ponctués de rouge, baignant dans une lumière dorée. Sa technique pointilliste accentue le poudroiement de l’air, la netteté des édifices  le moulin à vent, plus haut point du village enserré dans le chemin de la Fontaine, délimitant son territoire, les fermes ponctuant les pentes douces des vallons descendant vers la vallée de l’Aude. Refusé aux salons parisiens, il expose chez des marchands : Achille Astre, rue Laffitte, Bernheim et Georges Petit. Il reçoit aussi des commandes de cartons de tapisserie de la manufacture des Gobelins. Ses séjours à Paris sont plus fréquents entre la fin des années 1920 et 1930, où il installe un atelier près de son ami Bourdelle. Ses sujets restent les paysages de Cailhau, brossés inlassablement comme Monet en son jardin de Giverny. Bourdelle lui écrit en 1919 : «Toi, tu apportes une vision très personnelle, beaucoup de logique sereine et un beau don de l’unité dans l’amour de l’air lumineux qui règne jusque dans tes ombres.»

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