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Attaques en règle sur le patrimoine sacré

Publié le , par Vincent Noce

L’État est-il entré en campagne pour récupérer les biens religieux dispersés dans les tourmentes de l’histoire de France ? Revue d’une offensive tous azimuts, qui fait désormais planer une menace sur la coopération avec les musées américains.

Pleurant du tombeau de Philippe II de Bourgogne, dit Le Hardi (début XVe, albâtre),... Attaques en règle sur le patrimoine sacré
Pleurant du tombeau de Philippe II de Bourgogne, dit Le Hardi (début XVe, albâtre), propriété de la même famille depuis les années 1800 et revendiqué par l’État.
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Le 18 janvier, la cour d’appel de Paris a ordonné à la galerie parisienne Brimo de Laroussilhe de «restituer à l’État» un fragment du jubé de la cathédrale de Chartres, démoli par le clergé en 1763. Cette décision est le dernier épisode d’une campagne menée par le ministère de la Culture pour récupérer des biens religieux éparpillés depuis le XVIII e  siècle. Un litige reste ainsi pendant avec une famille qui s’est retrouvée empêchée de vendre à Drouot une statue lui appartenant depuis l’Empire. Et, désormais, la France réclame au Metropolitan Museum de New York un précieux reliquaire qui se trouve dans ses collections depuis plus d’un siècle.  Chacun de ces cas, qui posent des problèmes juridiques très techniques, comporte ses particularités. Mais l’effet est général. Collectionneurs, antiquaires et commissaires-priseurs, mais aussi désormais conservateurs, peuvent se sentir menacés par ce durcissement, conforté par une succession de décisions judiciaires. De l'art du marchandage   L’affaire dite «du jubé de Chartres» remonte à 2002, quand Philippe Carlier, de la galerie Brimo de Laroussilhe, achète un bas-relief en pierre calcaire long de 1,63 mètre et pesant une centaine de kilos à un confrère, qui le pense de la Renaissance italienne. Ses recherches lui permettent d’établir que ces figures de lion et de taureau, entourant un aigle et l’agnus dei, proviennent d’une rosace du jubé du XIII e  siècle. Vu son importance, il réserve sa découverte à l’État. En 2003, pour trouver des mécénats, l’objet est classé trésor national, la commission estimant que ce fragment, «distrait sans doute vers 1763, lorsque le jubé a été démonté», constitue « un chef-d’œuvre de l’art gothique français ». La galerie en demande 2,3  M€, faisant valoir que le prix sur le marché international tournerait autour de 5 M€. Il lui faut attendre 2006 pour que la direction des Musées de France fasse une offre à 1 M€, qu’elle décline. Trois experts donneront…
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