L’œil de deux collectionneurs, se promenant dans tout le spectre de la création de la seconde moitié du XXe siècle, faisait mouche.
Objet du Focus de la Gazette n° 9 (voir l'article Les highlights d’une collection d’art contemporain en grands formats de la page 16), la collection d’art contemporain d’Odile Finck et Éric Beccafico était saluée par un produit total de 1 226 240 €, et voyait quelques ténors français décrocher de beaux résultats. Gérard Garouste le premier… Ce peintre partageant sa vie entre Paris et l’Eure, récemment honoré d’une rétrospective au Centre Pompidou (du 7 septembre 2022 au 2 janvier dernier), est plutôt rare sur le marché. Au sein de cet ensemble constitué avec discernement et passion, il était présent avec une Scène allégorique (détail reproduit ci-dessous), un triptyque peint vers 1997. Son résultat de 128 000 € lui vaut la deuxième marche sur le podium de son auteur (source : Artnet). Nous l’avions écrit, le couple s’intéressait à tous les mouvements de l’après-guerre, des figuratifs aux tenants de l’abstraction la plus radicale. Parmi les 61 numéros inscrits au catalogue, on trouvait aussi un acrylique sur toile d’André Marfaing, Sans titre, en couverture de la Gazette n° 6 (voir l'article Les noirs abstraits d’André Marfaing), et un acrylique et colle sur toile de Jean Degottex (1918-1988), Lignes report noir 1/2 (290 x 205 cm), peint en 1978 (102 400 €) : l’œuvre relève de ses recherches consistant à reporter par pliage une moitié de la toile sur une autre. Si ces artistes sont remis à leur juste place dans la longue histoire de l’abstraction, tout autre est le parcours de Philippe Hiquily (1925-2013). Ici, il apportait une note d’humour avec Lily (135 x 55 x 50 cm), obtenue en 1967 à partir de laiton, d’acier et d’une machine à calculer — en souvenir de l’une de ses amies excellente en calcul mental –, laquelle changeait de position pour 64 000 €. Le même résultat était retenu par une sculpture magnétique du Grec Vassilakis Takis (1925-2019), faite d’un assemblage de fer peint, de porcelaine et d’aimants. Place à la figuration libre et narrative avec les 46 080 € de La Terrasse n° 10 (150 x 160 cm), une huile et collage de Jacques Monory (1924-2018), et les 38 040 € du portrait du poète militant américain Allen Ginsberg (160 x 120 x 120 cm) par Bernard Rancillac (1931-2021), réalisé par sérigraphie sur deux plaques d’Altuglas. Il s’agissait d’une pièce unique dans la couleur noire. L’œil de ce couple d’amateurs éclairé obtenait 10/10 !