Le sud de la France a su développer une belle offre régionale de mobilier. On connaît bien, sur le marché, les armoires d’Uzès ou encore les imposantes commodes provençales, au décor amplement sculpté de feuillages. Cette armoire vient quant à elle du Bas-Languedoc et plus précisément de la région de la plaine gardoise et des Cévennes méridionales. La ville de Sumène fut le centre d’une importante production de meubles de rangement au XVIIe siècle, reconnaissables aux ornements en noyer sculpté sous forme de panneaux. Les armoires comportent souvent un fronton en arc brisé comme le nôtre, auquel s’ajoute un décor ajouré à motifs de putti ailés et de feuillages. Elles se distinguent également par la thématique de leurs panneaux sculptés, abordant souvent des sujets religieux. Sur notre modèle, les quatre grands panneaux illustrent ainsi des scènes de l’Ancien Testament : en haut, le jugement de Salomon, Salomon, et la reine de Saba ; en bas, la construction du Temple, et l’onction de Salomon par le prêtre Sadoc. Ces quatre compositions prennent comme modèles des gravures de Nicolas Chaperon, publiées en 1649 dans un album consacré aux œuvres de Raphaël dans les loges du Vatican. Dans un panneau du milieu, on reconnaît Élie ravitaillé par les corbeaux et, tout en haut du meuble, dans un médaillon, une scène de sacre. Sept modèles similaires à cet exemplaire d’une grande virtuosité sont conservés au musée du Vieux Nîmes. Appartenant à la collection d’un ancien antiquaire du quartier du port de Nice, Joseph Damiano, cette armoire sera vendue à Cannes, entourée d’autres meubles de grande qualité, témoins du «grand goût classique» de leur propriétaire. Parmi ceux-ci, une paire d’encoignures Louis XVI, en placage de palissandre, sycomore et bois teinté vert dans des encadrements d’amarante, à la belle marqueterie en trompe l’œil de losanges et de cubes et aux montants à pans coupés (12 000/18 000 €).