Amy Friend

Fort du succès d’Amy Friend (née en 1974) lors de la dernière édition de Paris Photo, Jean Noël de Soye, le fondateur et directeur d’In Camera Galerie, a décidé de consacrer une exposition à cette photographe canadienne travaillant essentiellement à partir d’images récupérées. On pourrait penser qu’elle n’est qu’une artiste de plus à surfer sur la tendance à la réutilisation des archives de l’ère argentique si elle ne se les réappropriait de manière très originale. Ainsi, pour la série «Dare alla Luce» («apporter à la lumière» en italien, en référence à la naissance), Amy Friend a sélectionné une série d’images dont certaines dans ses propres albums familiaux qu’elle a rephotographiées et perforées, pour les soumettre à une nouvelle prise de vue sur table lumineuse, laissant ainsi surgir la lumière à travers les petits orifices. Poétique et mystérieux, le résultat a également quelque chose de nostalgique, la plupart des tirages ayant des tons sépia. Cette série, déclinée en différents formats de quelques centimètres, la dimension des photomatons, à près d’un mètre et présentée façon cabinet de curiosités, contraste avec celle d’«Assorted Boxes of Ordinary Life», qui lui fait face. L’ensemble s’avère pourtant cohérent, ce travail en couleur étant lui aussi élaboré à partir de documents récupérés, photographies familiales et extraits de films Super-8. Mais cette fois, c’est la réflexion d’images sur un miroir piqué de taches autre héritage familial que l’artiste a saisie : grain et flou réduisent les personnages à l’état de silhouettes, donnant un caractère pictural à ce travail émouvant, portant sur les notions universelles de la famille et de l’inexorable passage du temps.