Ce tableau devrait être le plus disputé parmi une centaine de dessins de Théophile-Alexandre Steinlen ayant appartenu à sa fille, Colette, puis à ses héritiers. Leurs sujets ? Des portraits, dont plusieurs de celle-ci, des études de personnages, des portraits de soldats, des projets d’affiches (est. 100 à 3 000 €). Ici, il pose face à Henry de Groux, personnalité flamboyante et auteur d’une œuvre étrange, auquel le musée Félicien-Rops à Namur consacrera une exposition à partir du 25 mai. L’œuvre, réalisée en mars 1916, est dédicacée «au charmant confrère et au grand confrère». Elle a figuré dans plusieurs expositions sur Steinlen, dont celle qui s’est achevée le 10 février dernier au musée de Montmartre, «Artistes à Montmartre, lieux et atelier mythiques». Né à Lausanne en 1859, Steinlen s’installe à Paris en 1881, après deux années à Mulhouse où il s’est formé au dessin d’ornement chez un imprimeur de tissus. Sa rencontre avec Adolphe Willette lui ouvre les portes du cabaret du Chat Noir et de sa revue, pour laquelle il dessine, mais aussi celles de périodiques satiriques Le Mirliton, Gil Blas, Le Chambard socialiste, L’Assiette au beurre… Installé rue Caulaincourt, sur la Butte, il voyage en Norvège et réalise de nombreux paysages à Jouy-le-Moutier, dans le Vexin, où il acquiert une maison en 1910. Artiste humaniste et engagé, Steinlen met son talent à décrire la vie montmartroise, ouvriers, pierreuses, maçons, blanchisseuses, cheminots… Proche des socialistes, ami d’Émile Zola et d’Anatole France, il dénonce la misère et l’exploitation.