Ce tableau religieux du tournant du XVIIe siècle perpétue un thème apprécié au Moyen Âge.
La vente inaugurale de la maison Paris Ouest Enchères profitait à la peinture, les deux œuvres phares de cette dispersion généraliste respectant les attentes. Alors que 27 720 € étaient requis pour Le Petit Jardin sombre peint par Olivier Debré en 1959-1960 (40 x 65 cm, voir l'article Oliver Debré et Ambrosius Francken de la Gazette n° 22, page 130), 15 120 € étaient obtenus par ce sujet religieux attribué à Ambrosius I Francken. Actif à Anvers, il réalisa de nombreuses commandes pour l’Église, désireuse de faire oublier la révolte iconoclaste qui sévit dans la ville en 1566 et dévasta la cathédrale, alors la plus grande des Pays-Bas. Les Trois Marie figurées ici avec leurs propres enfants et leurs époux – relégués à l’arrière de la composition –, sont les filles de sainte Anne, la Vierge, Marie Salomé et Marie Cléophas, qu’elle eut avec trois hommes différents. Bien que le concile de Trente (1545-1563) ait souhaité voir disparaître ce sujet de l’iconographie religieuse, ce thème souvent représenté à l’époque médiévale, trouvant notamment sa source dans la Légende dorée de Jacques de Voragine, a continué à être illustré jusqu’à l’orée du XVIIe siècle. Ce panneau peut ainsi être rapproché d’une composition similaire figurant dans l’église de Bar-sur-Seine, mise en lumière par l’exposition sur «La Dynastie Francken» au musée de Flandre en 2021. Donné à l’artiste, ce tableau est daté de 1600-1610.