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À Anvers, la promesse d’un musée cosmopolite

Publié le , par Mikael Zikos

Tout juste rénové, le musée d’art contemporain de la ville se réinvente en hub des maîtres flamands et de l’art actuel international, porté par la volonté de son directeur, Bart De Baere, et la vision du décorateur Axel Vervoordt.

Luc Tuymans (né en 1958), Vlaams dorp (Flemish Village), 1995, huile sur toile, 110,5 x 144,5 cm,... À Anvers, la promesse d’un musée cosmopolite
Luc Tuymans (né en 1958), Vlaams dorp (Flemish Village), 1995, huile sur toile, 110,5 x 144,5 cm, collection M HKA, Anvers, collection Flemish Community.
© M HKA - Musée d’art contemporain d’Anvers, Belgique


Le luxe, c’est l’espace. Outre-quiévrain, côté Flandre, le M HKA (ou MuHKA), musée d’art contemporain d’Anvers, a rouvert le 28 avril. Sise en bordure du canal de l’Escaut, cette institution, implantée en 1987 dans une ancienne halle aux grains reconvertie par l’architecte belge Michel Grandsard, fut déjà agrandie en 1997, avant une première intervention du cabinet Robbrecht en Daem. Le public est désormais accueilli dès l’entrée par une grande bibliothèque, où est présentée une sélection d’œuvres du musée. Une immense table y invite à la lecture, au travail et au partage. L’idée, très contemporaine, est le fruit de la rencontre entre Bart De Baere, directeur du lieu depuis 1992, et le décorateur, collectionneur et marchand d’art Axel Vervoordt, réunis pour que l’établissement devienne plus qu’une Kunsthalle, «un forum pour les arts, le public, et le monde» (dixit Bart De Baere). Dans les faits, la seconde étape des travaux vise à étendre les espaces du musée afin qu’il puisse présenter l’ensemble de ses réserves. Pour l’heure, il offre une gratuité d’accès à toutes ses collections permanentes, de la peinture baroque flamande de Rubens aux artistes de la postmodernité belge tels David Claerbout, Jan Fabre ou Luc Tuymans.
Jouer du temporaire pour repenser le futur
Depuis 2015, le M HKA a levé près de 1,5 M€ de fonds. Avec le budget alloué par le ministère flamand de la culture pour sa rénovation, la conservation et la diffusion de ses archives, un appel à projets fut lancé afin de revitaliser l’identité du musée auprès des Belges et à l’international. Dans ses étages, l’exposition inaugurale, «A Temporary Institute of Futures Studies», initiée par le commissaire Anders Kreuger et la futurologue Maya Van Leemput, convie ainsi les travaux du Français Michel Auder, du Belge Kasper Bosmans et du Chinois Guan Xiao, qui s’interrogent sur les futures formes des images et leur pouvoir communicant autour du globe.

 

M HKA, vue du nouvel accrochage des collections permanentes. © M HKA - Museum of Modern Art Antwerp, Belgium
M HKA, vue du nouvel accrochage des collections permanentes.
© M HKA - Museum of Modern Art Antwerp, Belgium

Réactiver le contexte historique par l’architecture
«Le brief de Bart De Baere était de retrouver l’âme du M HKA, devenu délabré, et d’en faire une maison ouverte à tous les amateurs d’art. Un nouveau centre d’échanges au cœur d’Anvers.» Contacté par le directeur, Axel Vervoordt a répondu à ce défi par l’approche holistique qui le caractérise et fait son succès depuis quatre décennies. L’homme vient également d’inaugurer un troisième espace pour sa galerie d’art à Kanaal  après celui de Hongkong , un complexe résidentiel et culturel situé dans un ancien site industriel du XIXe siècle, en banlieue d’Anvers. L’Axel Vervoordt Gallery, spécialisée dans la redécouverte des mouvements d’avant-garde du Zero, du Dansaekhwa et du Gutai, est un relai de l’Axel & May Vervoordt Foundation, qu’il gère avec sa femme depuis 2008 et consacrée à la préservation de leur collection au travers de publications et d’expositions, notamment au Palazzo Fortuny à Venise («Intuition», jusqu’au 26 novembre). Avec son collaborateur de longue date le Japonais Tatsuro Miki, attentif comme lui aux préceptes esthétiques et spirituels du wabi-sabi  «une attitude pour viser à la paix intérieure plutôt que des règles à suivre» , Axel Vervoordt a privilégié l’usage de matériaux de récupération, issus du port de la cité diamantaire, pour aménager la bibliothèque de l’entrée du musée, dans un luxe dépouillé rappelant sa scénographie pour l’exposition «Artempo» à Venise, en 2007. «L’ambiance sombre du lieu, où le peu de lumière est utilisé pour éclairer l’art, est à la fois minimaliste et très chaleureuse», précise-t-il. «On a travaillé à partir d’un musée qui était devenu très froid. Dans ce chaos, nous avons trouvé un tracé intéressant, avec un double carré central et une pièce au nombre d’or. Cela a tout de suite créé un ordre et nous a permis d’établir un plan serein pour le réaccrochage des œuvres de Joseph Beuys, Gordon Matta-Clark, Jimmie Durham et Panamarenko, de créer une forme d’architecture hors du temps pour souligner l’identité du M HKA, liée à celle d’Anvers : une ville cosmopolite par essence, car elle est portuaire. Avant son siège, en 1585, elle était même plus grande que Paris !»

À VOIR
«A Temporary Institute of Futures Studies», M HKA - Musée d’art contemporain d’Anvers,
Leuvenstraat 32, 2000 Anvers, tél. : +32 (0)3 260 99 99.

Jusqu’au 17 septembre 2017.
www.muhka.be
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