Le rapport A Survey of Global Collecting in 2022 réalisé par Art Basel est disponible. Entre enjeux politiques, climatiques et crise sanitaire, le marché de l’art reprend pourtant son envol et promet de battre très prochainement de nouveaux records financiers.
Art Basel vient de publier son rapport 2022, vaste enquête auprès de collectionneurs du monde entier. Un bilan mené en collaboration avec UBS et sous la houlette de l’économiste Clare McAndrew, mettant en perspective dynamiques d’achat, comportements des collectionneurs et effets de la globalisation sur le secteur à travers les résultats financiers communiqués par différents acteurs du milieu. Le rapport compile les données collectées cette année auprès de 2 709 collectionneurs, des High Net Worth Individuals (HNWI) (littéralement, « personnes à valeur nette élevée »), au sujet de leurs activités sur les marchés internationaux. Passées au crible, leurs dépenses illustrent l’état d’un secteur relativement peu ébranlé par les crises mondiales successives. Plus encore, il a su s’adapter à de nouveaux enjeux à une vitesse record après la crise sanitaire, entre numérisation de ses modèles et initiatives pour un développement plus durable. Bref, le marché de l’art a fait preuve d’une résilience évidente, dont témoignent les différents acteurs du milieu. Un constat mis en lumière par les chiffres recueillis par le cabinet Arts Economics, analysant année après année ces résultats.
Redémarrage sur les chapeaux de roue
Concentré autour de trois pôles majeurs, Londres, New York et Hong Kong, le marché de l’art a repris sa course après les confinements successifs dus à la crise sanitaire. Au niveau des importations globales, la première partie de l’année témoigne d’une hausse de 19 %. Alors que le commerce international d’œuvres d’art avait chuté de 38 % en 2020, l’année 2021 s’était vue remonter à un total de 26,6 Md$. Pareillement, les exportations étaient descendues de 37,4 à 19,7 Md$ entre 2019 et 2020. En 2022, la valeur des échanges commerciaux se situerait ainsi aux alentours de 40 Md$, un chiffre dépassant les résultats prépandémiques. L’étude souligne l’importance des pôles clés dans les dynamiques commerciales globales, avec cinq pays principaux constituant à eux seuls la majeure partie de la valeur totale des importations. Aux États-Unis notamment, le Royaume-Uni et la France rassemblent presque la moitié de celles-ci. En 2021 déjà, le constat s’y était dessiné, avec 74 % de la valeur de l’art importé provenant de cinq pays et 87 % de dix seulement, sur un total de 199 territoires. De fait, le secteur reste contrôlé par une poignée de hubs malgré sa croissance globale. Et, même si de plus en plus de pays deviennent exportateurs, force est de constater la prégnance des marchés riches, où se concentrent les échanges.
Les effets de la globalisation
Le développement du marché de l’art mondial doit aussi sa fulgurance aux multiples phénomènes de globalisation. Alors que seulement deux décennies auparavant, l’Europe et les États-Unis tenaient une position hégémonique, l’arrivée de l’Asie dans les années 2000 a changé la donne. Encore hésitantes, l’Amérique latine et l’Océanie se concentrent autour de pôles situés au Brésil et en Australie, alors que l’Afrique, hors des radars jusque très récemment, s’élève peu à peu. La montée du marché asiatique, pour sa part, a assuré une pleine transformation des dynamiques de commerce à travers le monde. S’il figurait moins de 10 % des importations globales en 2017, il a dépassé le Royaume-Uni dès 2019. Une impulsion conservée aujourd’hui, due au développement des richesses, et donc des échanges. Aussi représentée par l’augmentation du nombre d’acheteurs fortunés dans cette partie du monde, la Chine continentale recense, en 2022, 20 % du nombre de milliardaires dans le monde. Un chiffre révélateur de son ascension économique fulgurante et, a fortiori, de l’impact du développement économique dans les habitudes d’achat des populations qui se tournent graduellement vers l’art et l’acquisition de biens culturels.