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À Madrid, ARCO passe un cap

Publié le , par Alexandre Crochet

Plus que jamais tournée vers l’Amérique du Sud, la foire a attiré une foule d’institutions publiques et privées très acheteuses. 

L'édition 2023 de la foire ARCO a préservé l'équilibre entre grands noms et jeunes... À Madrid, ARCO passe un cap
L'édition 2023 de la foire ARCO a préservé l'équilibre entre grands noms et jeunes talents.
Photo : ARCO

L’ARCO a retrouvé une fréquentation optimale en février, avec un total de 95 000 visiteurs. Pour cette 42e édition, 211 galeries étaient réunies. Les responsables se félicitent d’avoir attiré 450 collectionneurs internationaux et 200 «professionnels» de 40 pays. Les clés du succès ? Miser sur les acheteurs nationaux, mais aussi, et de plus en plus, sur les pays d’Amérique latine, où les connexions avec l’Espagne sont fortes. À l’instar de l’aéroport de Madrid, desservant toute l’Amérique du Sud, la foire est devenue un hub pour les ressortissants aisés du continent. «La forte affluence latino-américaine est aussi liée à la situation géopolitique, confie Alex Mor, cofondateur de la galerie Mor Charpentier. Nous avons connu, à ARCO, la vague des Vénézuéliens, puis celle des Mexicains, et maintenant celle des Péruviens. Ce ne sont pas des néophytes en art. Ils ont été très présents toute la semaine, aux côtés des Colombiens, Vénézuéliens et de quelques Brésiliens et Argentins, qui ont déjà leurs habitudes à Madrid.» L’instabilité économique et politique dissuade maintes galeries européennes de se rendre sur place, d’autant que de nombreux collectionneurs séjournent davantage dans la capitale espagnole, dont ils partagent la culture et la langue. Des enseignes de ces pays ont ouvert des espaces dans la ville, tels Ginsberg (Lima), Hilario Galguera (Mexico) ou Rosenblut & Friedmann (Santiago). D’où, au final, un certain recul des foires sud-américaines, qui se «régionalisent»… Cet «effet domino» profite à l’ARCO. Plus que jamais, celle-ci «joue le rôle de porte d’entrée de l’Europe pour les Latinos-Américains», résume Alex Mor. Ils y bénéficient d’incitations fiscales ou immobilières attractives. Dans cette même logique, certaines galeries du Pérou ou d’Argentine participaient pour la première fois à l’ARCO. «Ce n’est pas la crise pour les visiteurs !», constate Alex Mor, qui a rencontré six à dix nouveaux clients, «ce qui est beaucoup sur une foire où nous exposons depuis longtemps». Il a vendu au moins une œuvre de presque chacun des quinze artistes exposés, de Kader Attia à Guadalupe Maravilla. La galerie espagnole Maisterravalbuena, de son côté, a triplé sa superficie en investissant un nouveau local en face du Reina Sofía, signe de la bonne santé du marché espagnol. À la foire, elle a cédé des œuvres d’Antonio Ballester Moreno, Elespe, Jacobo Castellano et Sarah Grilo, à des acheteurs locaux, mais aussi américains et mexicains.

Parmi les stands remarquables, citons Sylvie Fleury chez Mehdi Chouakri 
; le refuge de Jaime Ampudia d’après Guernica de Picasso pour les 50 ans de sa mort chez Max Estrella ; les oiseaux plus vrais que nature de Bernardo Oyarzún chez Patricia Ready ou Les Trois Hommes riant aux éclats, sculpture de Juan Muñoz chez Elvira González… Parmi les achats d’institutions cette année, la Fundación Helga de Alvear a acquis des pièces onéreuses de Georg Baselitz (Thaddaeus Ropac), Juan Muñoz pour 850 000 $ (David Zwirner) ou encore Fernand Léger (Guillermo de Osma). Toutefois, l’essentiel des transactions se situent entre 10 000 et 30 000 €, avec un plafond de verre autour de 60 000 €, d’où la faible présence des méga-galeries. «L’ARCO est d’abord un point de rencontre majeur, insiste Alex Mor. Il y a sur place un vrai soutien institutionnel avec une forte fréquentation de commissaires d'exposition, de patrons d’institutions, de la Tate ou du Centre Pompidou aux musées latino-américains. Un brassage unique !» «Après les deux premiers jours de vernissage, une foule de curateurs et d’institutions sont passés, confirme Loïc Garrier, directeur de la galerie Ceysson & Bénétière. Nous avons eu de nombreux contacts avec des collectionneurs, ou représentants de fondations, belges, espagnols et même grecs ! »

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