À une quarantaine de kilomètres de Bruxelles, la fondation Folon présente un ensemble d’aquarelles et de planches originales du célèbre auteur italien de bandes dessinées Hugo Pratt (1927-1995). Conçue par deux spécialistes de son œuvre, dont Cristina Taverna, qui fut la première galeriste à le défendre en Italie en tant qu’artiste, au début des années 1980, l’exposition a pour thème la place du rêve dans sa création. Bien évidemment, la figure mythique de Corto Maltese, ce marin et aventurier qui incarne la bande dessinée d’Hugo Pratt, plane sur l’exposition, mais sans l’étouffer. Le rêve, comme prolongement de la poésie, est au cœur de la création de l’auteur. Il permet à Pratt d’imaginer une fausse réalité aux multiples références historiques et littéraires tout en s’en servant comme une technique de narration : «C’est une façon de mettre en contact ses personnages avec les autres cultures», notamment par le songe, précise Patrizia Zanotti, son ancienne coloriste. Une fois averti, le visiteur, initié ou non aux subtilités des histoires, s’en affranchit pour tout simplement apprécier la qualité graphique du dessin. Une soixantaine d’aquarelles et de planches sont distribuées en trois sections assez poreuses : Nature, Temps et Personnages. La scénographie inattendue, composée d’amples voilages blancs, nous porte et nous ouvre des territoires sans frontières. Le vent, les paysages, les animaux, les figures, les différentes mers du globe sont magnifiquement mis en lumière par la technique de l’aquarelle dont Pratt est un maître absolu. En contrepoint, la ligne d’encre des planches de Pratt, si reconnaissable, s’épure parfois vers des niveaux d’abstraction interrogeant notre présence au monde.
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