À la bonne heure

Si notre objet égrène bien sûr les heures, il est avant tout un bel objet décoratif et un exercice de virtuosité sur porcelaine. C’est à Antoine Béranger (1785-1867), l’un des principaux peintres attachés à la manufacture de Sèvres sous l’Empire et la Restauration, que l’on doit cette figure de femme drapée à l’antique, assise dans un fauteuil de style étrusque, occupée à peindre un vase en porcelaine. Un tableau dans le tableau… Le cadran argenté est entouré d’un coq et d’une chouette, symboles du jour et de la nuit, parmi des rinceaux feuillagés et des rosaces. Les plaques de côté sont ornées d’un grand candélabre feuillagé surmonté d’un brûle-parfum dans un encadrement, le décor de bronze étant composé de feuilles d’eau et feuilles d’acanthe en relief, de quatre pattes de lion et d’une étoile en fronton. La fonction de l’objet à triple quantième n’en est pas négligée pour autant : les phases de lune côtoient l’aiguille de la semaine et des jours du mois, un rouleau indiquant les mois de l’année, un disque émaillé l’astre nocturne. Commandée spécialement par le vicomte de La Rochefoucauld, le 25 mars 1828, elle est offerte au baron Achille Prévost (1782-1855), diplomate proche de Talleyrand, maître des requêtes au Conseil d’État, secrétaire du Cabinet du roi, chef de la chancellerie du département des Affaires étrangères, membre de la commission des Théâtres royaux. Les archives de la manufacture de Sèvres conservent les projets  peinture, forme et décor  de cette pièce nommée dès sa conception «pendule de Mr. Prévost».