Consécutif aux persécutions religieuses, l’exil massif d’horlogers et de peintres émailleurs français aura une influence capitale sur le destin de Genève. Une invitation à remonter le temps en chiffres émaillés.
Les grands événements historiques ont tous des effets secondaires insoupçonnés qui, à leur manière, contribuent à changer la face du monde. En l’occurrence, pour le sujet occupant ces pages, c’est la face du temps qui s’est aussi trouvée bouleversée. Rappel. Suite à la révocation de l’édit de Nantes par le Roi-Soleil, en octobre 1685, aux persécutions répétées les sinistres dragonnades et aux destructions des temples, les fidèles protestants doivent se convertir ou fuir clandestinement. Les historiens estiment qu’entre 160 000 et 200 000 Français s’exileront : une véritable saignée économique, financière et sociale, que le grand Vauban lui-même dénonça dans ses Mémoires, et qui profita aux pays voisins. Ces émigrés fuyant leur terre natale emportent avec eux leur savoir-faire et leur expertise. Les huguenots rejoignent des contrées plus hospitalières pour anecdote, c’est ainsi que l’Afrique du Sud bénéficie de vins de belle réputation , notamment la Suisse, qui devient un havre de passage vers d’autres destinations et, pour certains, terre d’asile. À la fin du XVII e siècle, la situation économique de la Confédération est particulièrement mauvaise : crise du blé, chômage, paupérisation. Cet afflux massif n’est donc pas toujours bien perçu… Pour espérer s’y installer et devenir des «habitants», les réfugiés doivent être un «plus». Tel fut le cas à Genève, Bâle et Zurich, avec l’installation…
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