À bord de la frégate de Chéri Dubreuil

Le peintre connaît bien ce bateau. C’est en effet à bord de la frégate Le Mogador que Chéri Dubreuil fut aspirant auxiliaire, à partir du 25 septembre 1848, à Rochefort. Son drapeau tricolore flotte sous un vent ici particulièrement fort, qui agite également la mer. Le ciel est sombre et Dubreuil confère une atmosphère dramatique à cette scène peinte non loin de la côte et du phare d’une petite ville non identifiée. Si l’artiste est l’un des grands noms de la peinture de marine du XIXe siècle, on ne connaît que peu d’éléments sur sa vie. Il est né en 1828 à Vic-en-Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, fils de Pierre-Louis-Marguerite Fusey, baron Dubreuil, et de Françoise Guinie. Il s’engage dans la Marine dès 1840, à l’école de navigation de Lorient. Sa carrière se passera sous les meilleurs auspices, puisqu’il sera sous-officier puis timonier des forces navales françaises. Mais ce sont bien ses peintures marines, traitées entre réalisme et romantisme, qui feront sa renommée. Il faut dire que le genre connaît alors une période très florissante, grâce notamment à l’accroissement du trafic maritime ainsi qu’à la création d’une liste officielle de peintres de la Marine. Les artistes sont embarqués à bord afin de mieux dépeindre les navires en action pour répondre au désir des commanditaires, qui ne sont autres que les marins et armateurs eux-mêmes.