À Bordeaux, un record mondial pour l’œuvre de Desportes
D’une éblouissante virtuosité par son rendu de l’épiderme des fruits et du plumage de ses volatiles, la Nature morte du maître a disputé la vedette à une rarissime série de portraits d’empereurs incas.

Adjugé : 2 029 500 €
2 029 500 € : c’est le sommet vertigineux qu’a atteint la Nature morte au trophée de gibier, fruits et perroquet sur fond de niche peinte par Alexandre-François Desportes en 1716 – et qui avait orné la couverture de la Gazette n° 27 (voir l'article Desportes et les plaisirs terrestres). Et ce, en moins de cinq minutes, au cours desquelles «cinq enchérisseurs, issus du grand commerce mais aussi des particuliers, notamment français, se sont affrontés», précise le commissaire-priseur Antoine Briscadieu, qui ajoute que ce tableau peut être «considéré comme le chef-d’œuvre de l’artiste». Il est vrai que, multipliant par dix l’estimation haute, la toile (102,5 x 83 cm) constitue désormais l’œuvre la plus chère de Desportes jamais vendue (source : Artnet) – détrônant une paire de natures mortes vendue 695 000 € par Sotheby’s New York, le 12 janvier 1995. Il faut encore rappeler l’origine prestigieuse – car princière – de cette toile dont on avait perdu la trace depuis 1888 : elle proviendrait des collections, voire des appartements du Régent Philippe d’Orléans au Palais-Royal ; à moins que le tableau n’ait appartenu à sa fille Marie-Louise Élisabeth, en son château de La Muette, comme le laisserait supposer certains détails, notamment le dauphin doré qui orne la fontaine murale… À sa suite, un autre lot pulvérisait son estimation de 4 000/6 000 € : la série de onze portraits d’empereurs incas (toiles de 55,5 x 41 cm chacune, sans cadres, l’une reproduite page de droite) exécutée en Amérique du Sud au XIXe siècle, qui a fusé à 1 291 500 €. Elle a été, forcément, ferraillée par de nombreux acheteurs américains… De son côté, la Vierge à l’Enfant (46 x 34,5 cm) peinte par Eusebio Da San Giorgio (voir l'article Eusebio Da San Giorgio, la maîtrise de l’art, du maître à l’élève de la Gazette n° 31, page 96), un artiste italien de Pérouse et collaborateur de son compatriote le Pérugin, devait tripler son estimation haute pour inscrire 46 740 €.

Adjugé : 1 291 500 €