Dès le XIIIe siècle, un texte cadre pour la féodalité
Il sommeillait dans une collection privée : un manuscrit fondateur du Moyen Âge a créé l’événement lors d’une session nîmoise consacrée aux livres anciens…

Adjugé : 129 000 €
Á partir d’une estimation maximale de 12 000 €, ce document exceptionnel s’est envolé à 129 000 €, offerts par un collectionneur européen au terme d’une bataille engagée entre neuf enchérisseurs au téléphone et de nombreux internautes. Il est vrai qu’il s’agit d’un important traité de droit féodal composé par Jean de Blanot (vers 1230-1280) dans la seconde moitié du XIIIe siècle, donc sous le règne de Saint Louis. Il prend la forme d’un manuscrit de 178 feuillets et nous est parvenu, après huit siècles, dans un état d’une fraîcheur remarquable. Son auteur, né près de Cluny, fut l’un des plus grands juristes de son temps ; il illustre ici la théorie de la souveraineté, qui définit l’indépendance du roi de France au travers du célèbre aphorisme : « Le roi de France est empereur dans son Royaume, car il ne se reconnaît pas de supérieur en matière temporelle ». Son texte est construit en deux parties, paginées au XVIIIe siècle (36 x 22 cm) ; il se déroule sur deux colonnes à la belle calligraphie, exécutée par deux scribes différents, agrémentée de lettrines rouges et bleues parfois ornées de filigranes, ainsi que de nombreux en-têtes de chapitres écrits en rouge. Un traité fondateur donc, qui fut souvent copié, puisqu’on en connaît une douzaine d’exemplaires manuscrits en Europe (Paris, Rome, Bâle, Leipzig). Après l’invention de l’imprimerie, il devait encore être édité en France comme en Allemagne.