L’artiste aimait voyager, cherchant partout à traduire en peinture la majesté de l’élément aquatique.
Albert Marquet (1875-1947), Le Danube à Sulina, huile sur toile, 50 x 61 cm. Adjugé : 94 500 €
Invités par un ami diplomate, Albert Marquet et son épouse séjournent dans le port moldave de Galati au printemps 1933. Durant cette période, le peintre descend le Danube jusqu’à Sulina sur un bateau mis à sa disposition. Il choisira ensuite de remonter jusqu’à Vienne, pouvant laisser libre cours à sa passion pour l’univers aquatique et remplir ses carnets de croquis et d’aquarelles. Peut-être en raison de la proximité du delta, Marquet, contrairement à Johann Strauss – dont il a pourtant la musique en tête —, ne voit pas le fleuve bleu. Tout au contraire, celui-ci apparaît, sur cette toile titrée Le Danube à Sulina, chargé de limons. Ce qui n’enlève rien à sa majesté et ne l’a pas empêché non plus de circuler à 94 500 €. Marcelle Marquet raconte leur périple dans Marquet, Voyages (éditions Librex, Lausanne, 1968). Elle écrit : «Sous nos yeux s’étalait un large fleuve grossi par les eaux limoneuses du printemps et sur lesquelles pour la délectation de Marquet s’entrecroisaient des bateaux de tous tonnages et battant divers pavillon.» Ses mots font parfaitement écho au pinceau de son époux !
Dans sa maison, un couple d’amateurs a dédié à l’art nouveau, décliné notamment par le créateur nancéien Louis Majorelle, une ode végétale réussie.
Louis Majorelle (1859-1926), salle à manger «Chicorée» en noyer mouluré et sculpté composé d’un buffet à deux portes (210 x 230 x 58 cm), d’une desserte (143 x 165 x 40 cm), d’une table (71 x 126 x 155 cm) et de huit chaises (h. 100 cm). Adjugé : 30 240 €
La propriété d’Ile-de-France de deux collectionneurs parisiens – l’une galeriste et l’autre éditeur – avait une forte connotation art nouveau. Du papier peint aux rideaux, tout avait été pensé pour que le contenant soit en accord avec le contenu. Parmi cet ensemble harmonieux, la salle à manger de Louis Majorelle (1859-1926), composée d’un buffet, d’une desserte, d’une table et de huit chaises, le tout en noyer mouluré, sculpté et marqueté pour les panneaux, retenait 30 240 €. Le créateur nancéien, féru de nature, l’a nommée «Chicorée», en l’honneur de cette plante sauvage dont l’usage et les bienfaits de la racine sont bien connus, mais qui développe aussi des fleurs d’un délicat bleu-violet, parfaites pour un décor. Parmi le mobilier du même, un meuble à partitions (142 x 71 x 35 cm) –celui-ci marqueté de fleurs (voir l'article Du mobilier d’Émile Gallé et Louis Majorelle de laGazette n° 2, page 47) – partait à 8 442 €, et un salon composé d’un canapé, d’une paire de fauteuils et d’une paire de chaises, modèle «aux ombelles», était posé à 10 480 €. L’ébéniste est une figure incontournable du style 1900, développant à l’envi les courbes et les arabesques. Après une importante restauration, sa villa est sortie d’un long sommeil l’année dernière. Conçue par l’architecte Henri Sauvage (1873-1932), elle donne à voir le manifeste d’un homme qui appliquait déjà les principes d’art total et livrait un hymne au monde végétal, principes repris par les amateurs dont le mobilier était ici dispersé.
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