Enki Bilal sous toutes les facettes

Les 73 premiers numéros de cette vente en Mayenne seront consacrés à l’auteur des Phalanges de l’Ordre noir. Il seront suivis d’autres grands noms comme Moebius, Hugo Pratt avec une planche originale d’Ernie Pyke, à l’encre de Chine rehaussée de crayon bleu (2 000/3 000 €) , Tardi, Franquin, Hergé, Loisel, Morris, Rosinski, Schuiten ou Uderzo. Deux calques originaux au crayon, rehaussé de pastel d’Enki Bilal  estimés chacun à 12 000/15 000 €  se distingueront particulièrement. Ils proviennent de l’ouvrage Bleu sang. Celui-ci se compose de 41 dessins sur calque, 10 acryliques et 77 textes. Mais à l’origine de cet album, il y eut une exposition de peinture, souhaitée par l’éditeur et galeriste spécialisé dans la bande dessinée Christian Desbois. Les dessins et peintures firent ainsi l’objet, avant l’édition de l’ouvrage, d’une importante exposition dans sa galerie du 7e arrondissement, à Paris, du 24 mars au 30 avril 1994. Grâce à cette collaboration avec Christian Desbois, l’artiste franchit un cap décisif : son entrée dans le monde de l’art avec un grand «A». Bleu sang raconte l’histoire d’amour entre Jill Bioskop et Alcide Nikopol, qui forment un couple récurrent dans l’œuvre futuriste et prophétique d’Enki Bilal. Ils sont les protagonistes de sa trilogie précédente, «Nikopol», qui débute en 1980 avec La Foire aux immortels et se termine en 1993 avec Froid équateur. On retrouve dans Bleu sang le personnage d’Alcide Nikopol  un contestataire parisien, fanatique de Baudelaire, provenant du passé et la journaliste Jill Bioskop, mais aussi le dieu rebelle Horus, qui intervient dans la vie des humains. Ce projet fut mené alors que la guerre faisait rage en Yougoslavie et hantait Enki Bilal, lui-même natif de Belgrade. Mais cette œuvre, qui donna lieu à un travail pictural nouveau, fut également fondatrice de l’évolution stylistique de l’artiste.