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Un cadeau mémorable signé Achille Laugé

Publié le , par Caroline Legrand
Vente le 25 septembre 2019 - 14:30 (CEST) - 14, rue du Rempart-Saint-Étienne - 31000 Toulouse

Quatre œuvres d’Achille Laugé refont surface du côté de Toulouse ; toutes proviennent du docteur Gaujon, dont cette remarquable nature morte offerte par l’artiste en cadeau de mariage. De quoi assurer une belle floraison d’enchères…

Achille Laugé (1861-1944), Nature morte aux grenades, vers 1893-1895, huile sur toile,... Un cadeau mémorable signé Achille Laugé
Achille Laugé (1861-1944), Nature morte aux grenades, vers 1893-1895, huile sur toile, 60 73 cm (détail).
Estimation : 100 000/150 000 

Si les paysages d’Achille Laugé sont coutumiers du marché depuis maintenant plusieurs décennies, quatre de ses peintures passeront pour la première fois aux enchères. Elles se côtoyaient jusque-là dans une même collection. Son propriétaire ? Victor Gaujon. Né à Carcassonne le 7 septembre 1865, ce docteur en médecine appartenait à la bourgeoisie de sa ville natale. Il y fréquentait notamment le critique d’art et collaborateur de La Revue méridionale Achille Astre, ou encore l’homme politique Albert Sarraut, qui fut député de l’Aude au début de sa carrière. Ces derniers comptent parmi les mécènes et amis fidèles d’Achille Laugé, à l’époque où le public accueillait difficilement ses peintures : des œuvres d’un style pointilliste encore pur, pleinement sous l’influence du Dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte présenté en 1886 par Georges Seurat, avant qu’il n’opte pour la technique des fines hachures croisées à partir de 1896 puis, après 1905, pour une peinture plus libre, faite de coups de pinceau larges et fluides. Une évolution qui lui permit de vendre mieux ses célèbres paysages des alentours de Cailhau.
Vide et plein, ligne et lumière
Ce sont pourtant les toiles des années 1890 qui, aujourd’hui, font les plus beaux prix en salles des ventes. Par un heureux hasard, c’est en 1895 que Victor Gaujon se maria. Le peintre lui offrit à cette occasion cette impressionnante Nature morte aux grenades, qui révèle sa grande connaissance à la fois de la tradition de la peinture de fleurs, notamment des œuvres décoratives de Fantin-Latour aux bouquets colorés se détachant de fonds neutres, mais aussi de l’esthétique japonisante. Très à la mode chez les peintres de l’avant-garde picturale en cette fin de XIXe siècle, cette dernière est encore plus marquée dans les deux plus petites natures mortes, datées chacune vers 1893, achetées par le collectionneur directement auprès de l’artiste et aujourd’hui estimées 45 000/55 000 € et 50 000/70 000 €. Branche d’amandier en fleurs et Roses dans un verre d’eau, une fleur de géranium dévoilent une harmonie de couleurs, mais aussi une mise en page simplifiée, subtil équilibre de pleins et de vides. Datée de 1895 et annoncée à 30 000/40 000 €, la dernière des quatre œuvres est un portrait du Docteur Victor Gaujon, commandé par le modèle en personne. Conservés par descendance dans la même famille jusqu’à ce jour, ces tableaux ne sont néanmoins pas tout à fait inconnus du public, puisqu’ils ont été exposés à l’occasion de plusieurs grands événements ; on a pu les voir au Japon en 2002, dans l’exposition « Georges Seurat et le néo-impressionnisme », ou en 2010 lors de la rétrospective « Achille Laugé, le point, la ligne, la lumière », au musée de la Chartreuse de Douai, organisée par la spécialiste Nicole Tamburini. Une marque de reconnaissance témoignant d’un artiste pointilliste à son apogée, sachant retranscrire la lumière et le scintillement des couleurs aussi bien dans un paysage de l’Aude que dans une nature morte de fleurs... tout en offrant à ses compositions une atmosphère intemporelle faite de spiritualité et de poésie. 

à savoir
Mercredi 25 septembre, Toulouse. Ivoire - Primardeco OVV. M. Maket.
mercredi 25 septembre 2019 - 14:30 (CEST) -
14, rue du Rempart-Saint-Étienne - 31000 Toulouse
Ivoire - Primardeco