Réalisé au XVIIe siècle, ce souriant gardien, paré d’un costume laqué rouge et or, souhaitait la bienvenue aux croyants dans les temples bouddhiques de Chine.
D’une taille importante pour un gardien de temple 1,20 mètre , cette statue en impose par sa stature et ses ornements, présentés dans un superbe état de conservation grâce à une technique sans faille. En effet, si les laques des périodes antérieures à la dynastie Ming posées directement sur le bois ou avec une simple couche d’argile, de poudre de bois ou de papier avaient tendance à se craqueler rapidement, celle-ci, posée sur un tissu recouvrant la sculpture en bois, offre une bonne résistance dans la durée, le tissu conférant plus de souplesse et d’élasticité tout en évitant les fêlures. Cette technique a été employée jusqu’à la fin du XVIIe avant que les artisans, plus sûrs d’eux, ne reviennent à la laque appliquée directement sur bois, mais recouverte ensuite d’un précieux vernis protecteur. Cette sculpture est datée du XVIIe siècle, plus précisément de la période de transition entre les dynasties Ming et Qing. Outre la technique, des critères stylistiques autorisent cette datation. Le visage, par exemple, souriant et délicat, est des plus aimables, ce qui tranche avec l’attitude bien plus féroce des gardiens sculptés aux époques antérieures. Auparavant, les deux gardiens encadrant l’entrée du temple protégeaient le bouddha en affichant une mine effrayante. Au contraire, à partir de la toute fin de l’époque Ming, ils devinrent des personnages plus populaires, sympathiques, et avaient plutôt la tâche d’accueillir aimablement les croyants. Rapidement, sous la dynastie Qing, ils furent remplacés à l’entrée des bâtiments par des chiens de Fô. On notera quelques manques sur notre statue : le bâton que le gardien tenait dans sa main gauche et qui touchait la terre, ou encore le casque qui devait recouvrir une partie de son visage. S’il pouvait accentuer son aspect guerrier, il permet aujourd’hui, par son absence, d’admirer de plus près ce visage d’une divine douceur.