La légende du roi Arthur revisitée

Né à Rennes en 1887, l’artiste a étudié à l’école des beaux-arts de sa ville, dans les classes de Lafont et de Ronsin, avant de poursuivre sa formation à Paris. Mais Ernest Guérin est loin d’être un simple observateur de la vie bretonne. Même ses paysages ou ses scènes de la vie quotidienne locale révèlent un univers atypique, une technique colorée et brillante, utilisant un fond blanc nacré sur lequel scintillent ses couleurs. Le peintre est sensible à de nombreuses influences, japonaise tout d’abord  perceptible dans ses compositions animées de tout petits personnages, perdus sous des horizons imposants , médiévale ensuite  à travers son goût pour les univers oniriques ou les œuvres préraphaélites. Ainsi, à ses débuts, à côté de ses aquarelles, Guérin pratiqua l’enluminure. Il réalisa ainsi des pages de missels, mais aussi des figures de saints ornées de cadres gothiques, à l’image de cette Fille du roi Arthur, représentée majestueusement en pied, dans un cadre trilobé et sur fond de paysage breton. Une réinterprétation des plus belles peintures religieuses d’un Fra Angelico par exemple. Une manière également de revisiter le passé glorieux d’une région au patrimoine riche et à la culture préservée. Ernest Guérin met ainsi en avant ses figures emblématiques, tel le roi Arthur et «sa fille». Arthur Pendragon aurait été, selon la légende, un seigneur organisant la défense des peuples celtes face aux Germains, menaçant d’envahir leur territoire à la fin du Ve ou au début du VIe siècle. Présente déjà dans certains poèmes et contes de langue galloise, son histoire a été développée dans l’Historia regum Britanniae, de Geoffroy de Monmouth, au XIIe siècle, où apparaissent le personnage de Merlin et l’épée Excalibur. Arthur s’y marie avec Guenièvre, fille du roi de Carmélide, dont il aura un fils, Lohot. On évoque également un autre enfant conçu avec sa demi-sœur Morgane, Mordred, qui sera d’ailleurs à l’origine de sa mort. Mais aucune trace d’une fille dans la légende du roi Arthur… jusqu’à cette œuvre d’Ernest Guérin. Les légendes ne sont-elles pas faites pour être réécrites ?.