Sassoferrato, peintre des Madones

En 2017, une rétrospective au palazzo degli Scalzi, à Sassoferrato, honorait l’enfant du pays Giovanni Battista Salvi, avec en sous-titre «La Devota Bellezza. Devout Beauty». Cette peinture, attribuée à Sassoferrato et proposée prochainement à Morlaix, est emblématique de son sujet favori : la représentation de Marie. Inspiré par les grands maîtres de la Renaissance, en particulier Raphaël, il figure la Madone de face, de profil, avec l’Enfant ou en Vierge de douleur, ou comme ici priant, les yeux baissés, les mains jointes, abîmée dans sa dévotion. La blancheur du voile, dont les lourds plis annoncent ceux du linceul de la Crucifixion, et le bleu éclatant de son manteau soulignent la pureté de ses traits et renforcent son pieux isolement et sa douleur contenue. Cette œuvre est très similaire à la Vierge priant visible à la National Gallery, à Londres, dont on connaît deux variantes. On sait peu de choses sur sa jeunesse, si ce n’est qu’il est formé dans l’atelier de son père, Tarquinio Salvi. Arrivé assez tôt à Rome, où l’on pense qu’il intègre l’atelier du Dominiquin, il reçoit quelques commandes publiques comme l’attestent deux tableaux d’autel peints en 1641 et 1643, et une Vierge à l’Enfant, de 1650, conservée au Vatican. La majeure partie de son œuvre est destinée à la dévotion privée. Des maîtres de la Renaissance, Sassoferrato retient la rigueur de la composition, la pureté de la ligne, la douceur de la lumière. Ce purisme archaïsant influencera, au XIXe siècle d’abord, le mouvement des nazaréens et, ensuite, les préraphaélites. Sassoferrato a également réalisé des portraits dont un étonnant Autoportrait, que l’on peut admirer aux Offices, à Florence. Cette toile attribuée à ce maître figure parmi un ensemble de peintures et d’objets d’art provenant de l’ancienne collection d’Alexandre Doucet, antiquaire place Beauvau, à Paris.