Ce maître du laque et artisan de son renouveau au Vietnam signe ce précieux paravent.
Les œuvres des artistes vietnamiens n’ont cessé de prendre de la valeur ces dernières années. Nguyen Gia Tri est l’un des plus désirables d’entre eux. Avec Nguyên Tuong Lan, Tô Ngoc Vân et Trân Van Cân, il est de la génération des précurseurs, qui ont étudié à l’École des beaux-arts de l’Indochine. Créée en 1924, elle n’a pas d’équivalent dans la région, qui a développé bien des formes d’expression artistique mais ne possède pas de tradition picturale. Celle-ci naît de la rencontre des pratiques artisanales locales et des techniques occidentales, s’accompagnant de la synthèse entre les sujets indochinois et la vision française de l’art. C’est ainsi que la technique de la laque, employée depuis toujours pour les objets du quotidien, les statues et les architectures des temples et des pagodes, connaît un formidable renouveau. Invités à rejoindre l’école, sans doute sous l’impulsion de Joseph Inguimberty, les artisans laqueurs enseignent la technique aux étudiants, qui vont lui donner de nouveaux développements à la faveur des recherches menées sur l’utilisation du matériau. Ses contraintes sont en effet nombreuses, notamment en termes de séchage, afin d’éviter toute craquelure, et d’oxydation des couleurs. Nguyen Gia Tri explore ainsi toutes les possibilités, et parvient à la transparence et à la brillance désirées. Elles servent à merveille l’éclat des tons dont il a élargi la palette, la superposition des plans créant la perspective, grâce à un subtil et patient travail de ponçage et de polissage. En témoignent les nuances du paysage représenté sur ce paravent, délicatement fondues et lui conférant son relief. L’artiste avait une prédilection pour les grands formats, qui lui ont permis de donner la mesure de son art en laissant libre cours à son imagination pour composer des rêves d’exotisme.