Gazette Drouot logo print

Eugénie O’Kin, magicienne de l’ivoire

Publié le , par Claire Papon et Anne Foster
Vente le 19 juin 2019 - 13:30 (CEST) - Salle 10 - Hôtel Drouot - 75009

Les boîtes de cette artiste, également connue sous le nom d’Eugénie Jubin, sont souvent indissociables des ventes d’arts décoratifs du XXe siècle. Une fois n’est pas coutume, c’est un ensemble de vases qui prend ici le chemin des enchères.

Eugénie Jubin O’Kin (1880-1948), vase en ivoire sculpté en taille directe, h. 16,3 cm.... Eugénie O’Kin, magicienne de l’ivoire
Eugénie Jubin O’Kin (1880-1948), vase en ivoire sculpté en taille directe, h. 16,3 cm.
Estimation : 6 000/8 000 

Cette dizaine de pièces provient de la collection Antheaume et a été exposée en 2016 à la galerie Willy Huybrechts, rue Bonaparte à Paris. Elles sont toutes réalisées en taille directe et pour quelques-unes rehaussées de filets d’or ou de pastilles d’ébène. Toutes témoignent d’un art maîtrisé, éminemment personnel. Cette tabletière d’exception, également appelée Yokohama O’Kin, en référence à sa ville natale, naît en 1880 d’une mère japonaise et d’un père français, ayant émigré au pays du Soleil-Levant afin de développer l’entreprise familiale spécialisée dans le commerce de la soie. La jeune fille grandit pendant cette période d’ouverture du Japon sur le monde. Sensible aux arts, sa famille encourage son beau coup de crayon et son imagination fertile. Elle s’amuse à détourner motifs de tissus, parties d’estampes ou morceaux de céramiques. Ses nombreux dessins  arbres, personnages, fleurs…  sont de plus en plus stylisés, ses lignes fluides, où le volume se crée par de délicats camaïeux. C’est en France, où elle arrive dans les années 1900, qu’elle s’initie à la tabletterie et fait la connaissance de celui qui deviendra son époux, Henri Simmen (1880-1963). Se destinant à l’architecture, il se tourne vers la céramique. Grand voyageur, fasciné par les céramiques asiatiques, il se rend régulièrement en Chine et au Japon. Les deux artistes voyageront en Asie de 1919 à 1921, et travailleront ensemble. Naîtront des œuvres au subtil chromatisme, les céramiques de Simmen se trouvant couronnées par des bouchons, ou couvercles, et supportées par des socles dessinés ou conçus par son épouse. Au Salon de 1910, le musée des Arts décoratifs de Paris lui achète une coupe en corne gravée, perle et argent qu’elle conserve aujourd’hui. Virtuose dans son domaine, Eugénie O’Kin est encensée par la critique, qui apprécie son amour des matières  l’ivoire, le sycomore, le corail  et son rapport poétique à l’objet.

mercredi 19 juin 2019 - 13:30 (CEST) -
Salle 10 - Hôtel Drouot - 75009 Paris
Millon