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Nitot et Lefèvre : à la gloire de Napoléon

Publié le , par Anne Foster
Vente le 28 juin 2019 - 14:00 (CEST) - Salle 2 - Hôtel Drouot - 75009

Travailler pour la cour impériale était un atout tant pour des bijoutiers-joailliers comme Nitot que pour des artistes tel Robert Lefèvre, qui lui fournit des portraits de Napoléon et de sa famille.

Maison Étienne Nitot et fils, époque Empire, tabatière de présent en or et or émaillé... Nitot et Lefèvre : à la gloire de Napoléon
Maison Étienne Nitot et fils, époque Empire, tabatière de présent en or et or émaillé bleu, le couvercle orné d’un portrait de l’empereur Napoléon Ier, 9 5,5, 2,2 cm, poids brut 173 g.
Estimation : 30 000/40 000 

Cette tabatière sortie des ateliers de la maison Étienne Nitot et fils, proposée lors de la vente de la collection Amaury Taittinger, témoigne du lien qui unissait son fondateur, Marie-Étienne Nitot (1750-1809), à Napoléon. Formé chez Ange-Joseph Aubert (1736-1785), fournisseur de la reine, il travaille pour Marie-Antoinette dans les années 1780, sa boutique se situant rue Saint-Honoré à Paris. Selon la légende, son destin bascule en 1800, lorsqu’il sauve la vie du Premier consul – mais l’histoire diffère selon les versions. Son fils François-Regnault (1779-1853) travaille avec lui et, en 1802, l’entreprise est nommée «bijoutier attitré». On lui doit par exemple l’épée consulaire, les bijoux du mariage avec Joséphine, puis ceux du sacre, ainsi que de nombreuses tabatières de présent, comme celle présentée prochainement. Il fut un temps où le tabac, notamment à priser, était considéré comme un médicament… Molière écrit, dans Don Juan ou le Festin de pierre : «Il n’est rien d’égal au tabac, c’est la passion des honnêtes gens ; et qui vit sans tabac, n’est pas digne de vivre. Non seulement il réjouit, et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à la vertu, et l’on apprend avec lui à devenir honnête homme.» L’usage de priser se répand dans tous les salons européens et il devient de bon ton d’avoir plusieurs tabatières, lesquelles indiquent par ailleurs le rang social de leur propriétaire. La République inclut l’objet dans la liste de ses présents officiels, et l’on fera de même sous l’Empire. Napoléon comprend, dès le Consulat, l’intérêt des cadeaux diplomatiques ou de récompense. Il n’hésite pas à retirer sa Légion d’honneur pour l’épingler sur la poitrine d’un valeureux soldat de la Garde impériale, corps d’élite plus que fidèle. Pour ses portraits, il choisit le plus souvent d’être représenté en habit de colonel de la Garde, vert pour les chasseurs à cheval, bleu pour les grenadiers à pied. Robert Lefèvre (1755-1830) expose ainsi au Salon de 1806 le Portrait de Napoléon en uniforme de colonel des grenadiers de la Garde à pied. Ensuite, grâce à la protection de Denon, directeur général des Musées et administrateur des manufactures d’art impériales, quarante portraits de l’Empereur suivront, jamais exactement semblables : en costume de sacre évidemment, en uniforme, de face ou de trois quarts, en pied ou en buste, parfois même dans des miniatures destinées aux grands corps de l’État, aux dignitaires ou aux personnaliés et souverains étrangers. La miniature sur ivoire de cette tabatière non signée est très proche des effigies impériales de Lefèvre. Napoléon appréciait beaucoup ce peintre – le préférant même à Isabey, autre fournisseur de miniatures –, trouvant ses portraits très ressemblants. Il est considéré comme l’iconographe officiel de l’Empire.

vendredi 28 juin 2019 - 14:00 (CEST) -
Salle 2 - Hôtel Drouot - 75009 Paris
Thierry de Maigret