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L’acte de peindre, une énergie créatrice

Publié le , par Claire Papon et Anne Foster
Vente le 12 juin 2019 - 14:00 (CEST) - Salle 5-6 - Hôtel Drouot - 75009

Allemand d’origine, Hans Hartung est l’un des principaux maîtres français de l’abstraction. Comme en témoigne cette toile de 1952, il explore l’impact des divers outils sur l’œuvre, insiste sur l’importance du geste inné.

Hans Hartung (1904-1989), T1952-34, 1952, huile sur toile, 27 x 41 cm. Estimation :... L’acte de peindre, une énergie créatrice
Hans Hartung (1904-1989), T1952-34, 1952, huile sur toile, 27 41 cm.
Estimation : 60 000/80 000 

Enfant, Hartung associe déjà ses deux centres d’intérêt : le dessin et l’observation des phénomènes célestes. Grâce à un télescope qu’il a bricolé, il peut capter des «fragments du réel». Dès le début des années 1920, ses œuvres appartiennent à l’abstraction, avec des taches colorées et des traits noirs. Les bases de son art sont en place, ses recherches plastiques orientant plus ou moins les griffures ou hachures, les aplats, les brumisations qu’il développe grâce à des moyens originaux. Cette toile de 1952, bien que de petites dimensions, possède un caractère monumental. Dans une sorte de cadre noir d’encre, deux échappées ouvrent en profondeur l’espace. À gauche, un lumineux rectangle jaune est strié de lignes noires ; l’une verticale toute fine, les autres, en haut de cette sorte de fenêtre ensoleillée, plus ou moins épaisses  comme des branches délicatement arquées. À droite, une forme évoquant un oculus cerné de gros traits noirs laisse entrevoir deux échappées bleues, l’une claire, fine et verticale, l’autre de stries bleu plus soutenu. Cette peinture n’est pas sans rappeler les toiles de Soulages de la même époque. Cette année 1952, Hartung a droit à sa première rétrospective, présentée en février-mars au musée de Bâle, et retrouve Eva Bergman dont il avait divorcé ; ils décident de se remarier. Elle marque également la fin définitive des temps de misère. Durant la guerre, il s’était s’engagé dans la Légion étrangère. Blessé en 1944, il est amputé d’une jambe, et sera décoré de la Médaille militaire, de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur. L’amertume et l’esprit de révolte propres aux années d’après-guerre ont peu à peu disparu de ses tableaux. Plus serein, Hartung confie : «Il s’agit d’un état émotionnel qui me pousse à tracer, à créer certaines formes afin d’essayer de transmettre et de provoquer une émotion semblable chez le spectateur. Et puis, cela me fait plaisir d’agir sur la toile. C’est cette envie qui me pousse : l’envie de laisser la trace de mon geste sur la toile, sur le papier. Il s’agit de l’acte de peindre, de dessiner, de griffer, de gratter.»

mercredi 12 juin 2019 - 14:00 (CEST) -
Salle 5-6 - Hôtel Drouot - 75009 Paris
Ader