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La passion du bleu en Chine et ailleurs

Publié le , par Claire Papon et Anne Foster
Vente le 12 juin 2019 - 14:00 (CEST) - Salle 4 - Hôtel Drouot - 75009

Parée de beauté céleste, la porcelaine «bleu et blanc» est apparue en Chine à la fin du XIIIsiècle. On retrouve ce décor profond, détaché du fond qui le magnifie, sur ce vase double gourde d’époque Jiajing.

Chine, dynastie Ming, époque Jiajing (1522-1566). Vase de forme double gourde en... La passion du bleu en Chine et ailleurs
Chine, dynastie Ming, époque Jiajing (1522-1566). Vase de forme double gourde en porcelaine bleu blanc, la marque à six caractères en kaihsu au revers, h. 33 cm.
Estimation : 30 000/40 000 

La dynastie Yuan (1279-1368), d’origine mongole, pratique un commerce lucratif avec l’Empire perse, fort amateur de céramiques à décor bleu. Les artisans locaux reprennent à leur compte celui-ci, qui deviendra célèbre sous le nom de «bleu et blanc». L’élite ne l’appréciant que moyennement, la production est destinée à l’exportation. Le goût chinois se porte à cette époque sur les petites pièces très souvent monochromes blanches au décor moulé sous la couverte, appelées «shufu» (de commande officielle), au décor réaliste de lotus et dragons. Celles-ci étaient destinées aux temples ou à des fins rituelles. Sous les Ming (1368-1644), la situation change. L’Empereur et l’aristocratie, les lettrés et même les riches marchands apprécient ce superbe ton bleu violacé du cobalt. Dorénavant, la couleur céleste devient prépondérante aussi bien pour les porcelaines que pour les bronzes émaillés, faisant une nette apparition dans la peinture de paysages et les objets du quotidien, tels les sceaux et les robes. Pour satisfaire un tel engouement, une soixantaine de fours à Jingdezhen sont réservés à la cour. L’empereur Jiajing, onzième de cette dynastie, se tourne vers le taoïsme, et en particulier la recherche de l’élixir d’immortalité. Le décor de ce vase, avec une partie inférieure carrée pour symboliser la Terre et une sphère, ornée de dragons à cinq griffes, pour signifier le Ciel, est bien dans l’air du temps, figurant sur chacune des quatre faces deux immortels. L’identité des personnages a été fixée sous l’époque Ming, dans Le Voyage vers l’Orient, un roman de Wu Yuantai, ainsi que par un texte anonyme intitulé Les Huit Immortels traversent la mer. Ces derniers incarnent des notions taoïstes d’indifférenciation et de non-agir. Chacun est issu d’une branche de la société (femme, vieillard, noble, militaire, infirme, redresseur de torts, mendiant, lettré). Leurs aventures sont très populaires et inspirent des scènes jouées avant les représentations de l’opéra. Bleu de la mer et bleu du ciel évoquent leurs tribulations entre les terres magiques et la sphère céleste, où règne la grande déesse.

En Chine, le répertoire iconographique se transmet au fil des siècles. Durant la période de la République (1912-1949), les artistes reprennent des thè
En Chine, le répertoire iconographique se transmet au fil des siècles. Durant la période de la République (1912-1949), les artistes reprennent des thèmes mis à l’honneur par Wang Pu des siècles auparavant. En témoigne cette paire de panneaux en porcelaine blanche, à décor en bleu sous couverte de poissons voiles évoluant dans un paysage de plantes aquatiques sur l’un, d’un escargot sur un rocher s’approchant des choux sur l’autre. Mesurant à vue 25,3 43 cm, elle est aujourd’hui estimée 4 000/6 000 €.
 
Le taoïsme et le confucianisme furent longtemps les deux philosophies  ou religions  principales en Chine, qui coexisteront par la suite avec le boudd
Le taoïsme et le confucianisme furent longtemps les deux philosophies  ou religions  principales en Chine, qui coexisteront par la suite avec le bouddhisme. Chaque direction de l’univers possède son Empereur, celui de l’Ouest étant revêtu de bleu. Réalisé en lapis-lazuli sous la dynastie Qing au XVIIIe-XIXe siècle, ce sceau de cérémonie à caractère taoïste était peut être utilisé pour célébrer la direction où Lao Tseu disparut. La base carrée est surmontée d’un dragon à quatre griffes et porte l’inscription à quatre caractères Shen Ming Bao You, «Béni par les dieux». D’une hauteur totale de 8 cm (empreinte 7,2 7,9), il est évalué 10 000/15 000 €.
Destinée à l’origine au marché du Proche-Orient, la forme de gourde connue sous la dénomination chinoise de bianhu («gourde du pèlerin») ou yueping («
Destinée à l’origine au marché du Proche-Orient, la forme de gourde connue sous la dénomination chinoise de bianhu («gourde du pèlerin») ou yueping («flacon en forme de lune») fut adoptée en Chine par les empereurs de la dynastie Qing. Celle-ci, réalisée vers 1930, porte une marque apocryphe. Sur un fond jaune pour évoquer le Fils du Ciel, est posé un décor de fleurs de lotus, dont les huit pétales illustrent les huit emblèmes bouddhiques en bleu. Haute de 50 cm, elle est attendue à 3 000/5 000 € environ.

 
Sous les empereurs de la dynastie Qing, la robe impériale est reprise de la tenue mongole adaptée à l’équitation. Celle-ci, prisée 5 000/8 000 €, date
Sous les empereurs de la dynastie Qing, la robe impériale est reprise de la tenue mongole adaptée à l’équitation. Celle-ci, prisée 5 000/8 000 €, date du milieu du XIXe siècle. Brodée d’un dragon à cinq griffes, de face et de profil, elle l’est aussi d’un motif de vagues obliques évoquant eaux primordiales et pics rocheux, les symboles respectifs de l’océan et la Terre, le fond bleu étant une allégorie du ciel.
mercredi 12 juin 2019 - 14:00 (CEST) -
Salle 4 - Hôtel Drouot - 75009 Paris
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