Cette scène paisible au bord de l’eau signée Lê Van Dé devrait être la plus disputée de la vacation. Et pour cause, les tableaux de l’artiste vietnamien sont rares sur le marché.
Rien ne semble pouvoir interrompre les jeux de ces bambins, pas plus que le sommeil des chiens que l’on aperçoit en haut de la composition ou le cours des pensées de la petite silhouette assise à l’ombre d’un arbre. L’eau elle-même semble immobile… Personne ne fait attention au peintre, témoin discret de cette récréation. Lê Van Dé est originaire de la province de Bên Tre au Vietnam, comme nombre de ses pairs. Et comme eux, il fait partie, en 1925, de la première promotion de l’École des beaux-arts d’Indochine et se rend à Paris, six ans plus tard, à l’exposition coloniale. Fidèle à son éducation catholique, il rejoint Rome en 1936, où il participe à une exposition. Il y reçoit sa première consécration publique en Europe. De retour sur sa terre natale en 1939, il prend la direction de l’école des beaux-arts de Saïgon. Ses sources d’inspiration sont vietnamiennes ou chinoises ; peut-être plus que certains de ses contemporains, il est profondément ancré dans l’art traditionnel de son pays. Il pratique volontiers et enseigne la peinture sur soie. Comme les maternités, l’artiste a fait de ces scènes enfantines d’une grande sérénité, où le temps semble immobile, l’un de ses sujets de prédilection. Par sa palette, son cadrage et sa touche, cette toile fait penser aux laques vietnamiens. On lui doit, en 1948, la création du drapeau national du Vietnam : un fond jaune or avec trois bandes rouges horizontales, les deux couleurs traditionnelles du pays.