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Un poids plume pour le quai Branly

Résultat 283 360 €
Publié le , par Anne Doridou-Heim
Vente le 24 mai 2019 - 11:00 (CEST) - Salle 5-6 - Hôtel Drouot - 75009

Ce tableau en mosaïque de plumes du Mexique est spectaculaire autant par sa rareté que la fraicheur de ses coloris multicolores. Il faisait mouche auprès du musée du quai Branly - Jacques Chirac.

Mexique, seconde moitié du XVIe siècle. Le Christ bon pasteur et deux scènes de la... Un poids plume pour le quai Branly
Mexique, seconde moitié du XVIe siècle. Le Christ bon pasteur et deux scènes de la vie de saint Jean-Baptiste dans un paysage, plumes polychromes sur panneau, 20,4 30,2 cm, cadre en ébène incrusté de filets d’os et agrémenté de fleurons en argent doré, celui-ci probablement d’Allemagne, dernier tiers du XVIe siècle.
Adjugé : 283 360 


En février 2018, le plus ancien tableau d’art chrétien d’Amérique latine connu entièrement exécuté en plumes, évoquant La Messe de saint Grégoire, était prêté par le musée des Jacobins d’Auch au Metropolitan Museum de New York. Il a été réalisé en 1539 à Mexico par des Aztèques, pour les moines franciscains en mission d’évangélisation sur place. Un an après le musée du quai Branly - Jacques Chirac, concepteur de «Plumes. Visions de l’Amérique précolombienne» (hiver 2016-2017), l’institution américaine consacrait donc à son tour une exposition à ces témoignages des tout débuts de l’évangélisation des Amériques : des œuvres profondément métissées, unissant des techniques précolombiennes à des sujets catholiques. Jusqu’à présent, sur la quarantaine conservées dans le monde, six l’étaient dans des musées en France, dont trois à Auch on songe à la Sainte Trinité et la Sainte famille, acquise 272 624 € chez Rouillac en 2013. En préemptant à 283 630 € celle-ci, représentant Le Christ bon pasteur et deux scènes de la vie de saint Jean-Baptiste dans un paysage, l’institution parisienne accroche un joli trophée «poids plume» ! De toutes les richesses rapportées du Mexique, les œuvres en plumes ont été parmi les plus appréciées en Europe, de la reine Isabelle la Catholique à Charles-Quint, en passant par le pape Sixte V, dont on dit qu’il se serait levé de son trône pour toucher celle lui étant offerte afin de se convaincre de son matériau. L’article Symbiose artistique au Mexique de la page 55 de la Gazette no 19 du 17 mai dernier racontait leur parcours. Leur puissance évocatrice, à la fois symbole religieux, culturel et historique, est immense. L’art de la plume était déjà considéré comme l’un des plus raffinés du Mexique et ce, avant même l’installation des Aztèques. Les missionnaires ne s’y trompèrent donc pas en s’appropriant ce savoir-faire unique et en le mettant au service de leur très sainte religion catholique. Le Codex de Florence, conservé à la bibliothèque Laurentienne des Médicis et compilé par frère Bernardino de Sahagún (1499-1590), contient plusieurs dessins décrivant la chasse aux volatiles, la préparation des pigments et la coloration des plumes dans un atelier d’amantecas. Une manière de rendre cet art appartenant au monde d’hier plus vivant encore.

vendredi 24 mai 2019 - 11:00 (CEST) -
Salle 5-6 - Hôtel Drouot - 75009 Paris
Coutau-Bégarie