Provenance, dimensions, qualité d’exécution et originalité du décor sont réunis dans ce meuble en bois et métal, œuvre d’Eugène Printz et Jean Dunand.
Pièce unique ou non, il est le seul connu à ce jour. On sait d’ailleurs que les œuvres d’Eugène Printz, fils et neveu d’ébénistes né dans le faubourg Saint-Antoine, étaient exécutées en séries extrêmement limitées. Ce meuble de salon a été commandé (et facturé) le 18 mai 1934 par l’un de ses amis et relation d’affaires, importateur de bois exotiques. Aujourd’hui cédé par le fils de ce dernier, le meuble d’entre-deux est issu d’une décoration d’intérieur complète réalisée par l’artiste. Outre ses dimensions réduites, il étonne autant qu’il séduit par son décor, celui des portes répondant aux lignes brisées en chevrons du piétement. La façade est ornée de plaques de Jean Dunand en dinanderie de laiton à motifs géométriques en incrustations d’argent coulé. Comme sur un tableau, ceux-ci se déploient en continu. Si le métal joue un rôle capital dans l’œuvre d’Eugène Printz, apparaissant dès 1927 au Salon d’automne avec un «meuble en bois de kekwood poli, portes pliantes et glissantes, décorées par Dunand», il demeure plus exceptionnel que les décors en laque, animaliers ou figuratifs. La base, constituée d’un socle paré de laiton oxydé à l’éponge, accueille un piétement mouvementé de même facture recevant des motifs de lignes brisées. Dès 1927, Printz abandonne les bois de rose au profit d’essences plus modestes tels le noyer ou le palissandre ou plus précieuses comme le kekwood, l’ébène et surtout le palmier. Celui-ci demande une technique très particulière : les billes n’ayant qu’une vingtaine de centimètres de diamètre, seul le cœur est utilisable, en placages sciés d’un ou deux millimètres puis polis au rabot fin et non déroulés. Un défi que relève haut la main l’amoureux de la perfection qu’est Eugène Printz, mais qui fait augmenter de manière significative le prix des meubles. Hier comme aujourd’hui…