Les cervidés, compagnons de Bugatti

Tous deux sont des fontes anciennes (à la cire perdue) d’Adrien Aurélien Hébrard (1866-1937) réalisées par Albino Palazzolo  jeune praticien et ami du sculpteur  et sont estimés 80 000/120 000 €. Mais si notre groupe fait partie d’un tirage répertorié à ce jour de trois exemplaires numérotés et a été réalisé vers 1905, celui des Deux antilopes koudou (aussi appelé Deux amis) a été exécuté vers 1911 et appartient à une série de trente-deux exemplaires, la plupart numérotés. Le modèle en plâtre de ces daims est conservé au musée d’Orsay, le bronze figurait pour la première fois au Salon d’automne, à Paris, en 1906. Le jeune artiste, arrivé de Milan en 1902, contemple les animaux sauvages de la ménagerie du Jardin des Plantes. Sa rencontre avec les éléphants, les émeus, les loups, les hippopotames, les cerfs, les chameaux… va le bouleverser. Pendant quinze ans, il va vivre avec eux, les observer, étudier leurs comportements, leurs attitudes… et modeler chaque espèce rencontrée. Pas un détail de leur morphologie, de leurs émotions ne semble lui échapper. Il vient tous les jours dans le jardin parisien voir «ses compagnons d’existence et de travail» et avec une infinie patience leur parle, leur donne à manger, les touche parfois à travers les barreaux. À Paris et au zoo d’Anvers, son autre atelier de plein air, il crée son propre bestiaire. Ses nombreux modèles de cervidés semblent indiquer son goût pour ces espèces. Ses cerfs d’Asie ou d’Amérique sont fondus à peu d’exemplaires ou en pièce unique, tout comme les daims. Ces grands ruminants sauvages des régions tempérées que le bruit d’une feuille met en fuite vivent en petits groupes séparés. Cousins des chevreuils et des cerfs, ils ont une longévité d’une vingtaine d’années en captivité. Rembrandt Bugatti les a immortalisés à toutes les saisons, tout au long de leur existence et à tous les instants intimes. Une leçon de communication animale…