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Leonor Fini, la théâtralité de la vie

Publié le , par Caroline Legrand
Vente le 03 juin 2019 - 14:30 (CEST) - 32, place des Lices - 35000 Rennes

Cette œuvre de début de carrière de Leonor Fini évoque la vie tumultueuse d’une artiste totale au talent inné. Immersion dans son univers surréaliste original et sensuel.

Leonor Fini (1908-1996), L’Arme blanche, huile sur toile rentoilée, signée, inscription... Leonor Fini, la théâtralité de la vie
Leonor Fini (1908-1996), L’Arme blanche, huile sur toile rentoilée, signée, inscription au dos «L’arme blanche Leonor Fini» et une étiquette du transporteur, 81 60 cm.
Estimation : 70 000/100 000 

André Pieyre de Mandiargues garda de sa relation avec Leonor Fini le souvenir d’une femme passionnée et d’une artiste entière : «Une de ces rares femmes extraordinaires dont la rencontre me paraît essentielle, sinon déterminante, pour tout homme». L’écrivain savait de quoi il parlait. Il rencontra Leonor Fini en janvier 1931 à Paris ; ils s’installèrent ensemble au printemps de l’année suivante, et s’ils se quittèrent un temps en 1937, ils se sont bien vite retrouvés. Une amitié amoureuse les tiendra très proches jusqu’à la brouille définitive de 1951, suite au mariage d’André Pieyre. Les deux artistes côtoyaient le même monde intellectuel, notamment le cercle surréaliste avec Max Ernst, Giorgio De Chirico, Paul Éluard, Victor Brauner, Max Jacob ou encore l’Italien Filippo De Pisis, qui avait aidé sa compatriote lors de son arrivée à Paris, à 23 ans, en l’introduisant dans les salons de Robert de Montesquiou et d’Anna de Noailles. Mais Leonor Fini, indépendante de caractère, ne fit jamais partie du groupe des surréalistes. André Breton la garda à l’écart, goûtant peu ses contacts avec la société mondaine et avec le monde de la mode, qu’il jugeait trop futiles. Cela n’empêcha pas Leonor de connaître une riche carrière faite de peintures, de livres illustrés, de décors et costumes de théâtre. Celle-ci débute en décembre 1932 avec une première exposition à la galerie parisienne Bonjean, dirigée par Christian Dior. Son marchand, Julien Levy, lui permet en 1936 de traverser l’Atlantique avec à la clé une exposition à New York partagée avec Max Ernst.

L’artiste et son double
La peintre est désormais célèbre en France comme à l’étranger, grâce à ses portraits, mais aussi à ses toiles oniriques mettant en scène des femmes déguisées, travesties, se battant ou rêvant dans un univers où l’érotisme n’est jamais absent. Des œuvres qui font écho à sa vie et au personnage qu’elle s’est créé. Très théâtrale, elle se teignait souvent les cheveux de toutes les couleurs possibles, aimait faire son entrée dans les soirées mondaines habillée en homme, avec ses grandes bottes blanches. Une habitude prise dès l’enfance puisque sa mère, s’étant enfuie de Buenos Aires à Trieste pour échapper à son mari, l’habillait en garçon afin de dissimuler la petite fille à son père, qui voulait la récupérer. Il semble ainsi aisé de reconnaître dans cette composition Leonor Fini sous les traits de cette femme aux longs cheveux noirs laissant s’écouler L’Arme blanche d’une fiole. Un personnage au port altier et au calme inquiétant, que l’on retrouve dans le tableau Jeux de jambes dans la clef du rêve que la peintre offrit à André Pieyre de Mandiargues et qui fut vendu en octobre 2011 chez Christie’s Paris à 361 000 €. Une toile qui serait aussi le pendant de la nôtre, toutes deux ayant été accrochées ensemble en juin 1936, lors de l’Exposition internationale du surréalisme à Londres. Elles ont à l’époque scandalisé les critiques artistiques du Daily Mail, qui voyaient dans ces œuvres des gifles au visage de la décence…

lundi 03 juin 2019 - 14:30 (CEST) -
32, place des Lices - 35000 Rennes
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