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Un Japonais peut en cacher un autre

Publié le , par Anne Doridou-Heim
Vente le 08 mars 2019 - 14:00 (CET) - Salle 1-7 - Hôtel Drouot - 75009
Le surprenant Dragon héraldique d’Émile Gallé objet d’un encadré page 41 de la Gazette no 8 du 1er mars ayant été retiré de la vente, la première place revenait à cette étonnante sculpture de Seizo Sugawara (1884-1937), une tête androgyne en pin redécouverte à 104 000 € un record mondial toutes catégories (source : Artnet)....
Seizo Sugawara (1884-1937), Sans titre, sculpture en pin laqué, vers 1919-1922, socle... Un Japonais peut en cacher un autre
Seizo Sugawara (1884-1937), Sans titre, sculpture en pin laqué, vers 1919-1922, socle non signé de Kichizo Inagaki (1876-1951), h. totale 33,7 cm (sculpture seule : 24 cm).
Adjugé : 104 000 

Le surprenant Dragon héraldique d’Émile Gallé objet d’un encadré page 41 de la Gazette no 8 du 1er mars ayant été retiré de la vente, la première place revenait à cette étonnante sculpture de Seizo Sugawara (1884-1937), une tête androgyne en pin redécouverte à 104 000 € un record mondial toutes catégories (source : Artnet). Le Japonais, fils d’un modeste pêcheur, s’est formé aux techniques de la menuiserie et à celles de la laque avant de partir se confronter à la modernité française. Il débarque à Paris au lendemain de Noël 1906. La capitale abrite déjà une petite colonie d’artistes nippons ayant choisi d’y demeurer après l’Exposition universelle de 1900. Il se joint à eux, engagé par l’ébéniste Louis Gaillard et, en parallèle, se met à sculpter pour son propre compte. Le ciel si bleu du japonisme tant à la mode au siècle précédent est en train de pâlir pour laisser place à une nouvelle aventure : celle de l’«art nègre» comme on l’appelle alors et qui, comme on le sait, va fasciner tant de grands acteurs de la modernité en marche. Sugawara est recruté par Eileen Gray (1878-1976) pour en parfaire les connaissances dans l’art délicat de la laque. Ils travailleront ensemble pendant vingt-deux ans, de 1907 à 1929, date de fermeture de leur atelier. C’est lui encore qui lui présente un autre Japonais, son ami Kichizo Inagaki (1876-1951) , sculpteur et ébéniste œuvrant notamment pour Rodin et qui réalisera nombre de sculptures de ses meubles. La collaboration avec la talentueuse designer irlandaise ne l’a pas empêché de continuer à produire des œuvres pour son propre compte, à l’exemple de cette tête Sans titre, grandement influencée par les premiers masques africains arrivés à Paris à l’instar de nombre de ses autres travaux et à laquelle il applique également le procédé ancestral de la laque japonaise. L’habile Sugawara a senti ce vent porteur s’installer en Europe et, logiquement, pour réaliser les socles de ses statues, fait appel à son ami Inagaki. Un duo discret qui tutoie désormais les sommets et qui mérite une plus ample reconnaissance de ses multiples talents.

vendredi 08 mars 2019 - 14:00 (CET) -
Salle 1-7 - Hôtel Drouot - 75009 Paris
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