Rare femme parmi de nombreux hommes, Lê Thi Luu s’est imposée, au sein de la désormais très célèbre école de peinture d’Hanoï, comme une artiste de la lumière et de la couleur.
On entend souvent, depuis quelques années, parler de ses confrères Mai-Thu, Lé Phô et Vu Cao Dam, mais Lê Thi Luu mérite tout autant l’attention… Voire plus, car elle fut la première artiste vietnamienne à mener une carrière professionnelle. Née dans la province de Bac Ninh, au nord d’Hanoï, au sein d’une famille cultivée, elle n’a aucun mal à convaincre ses parents de la laisser entrer à l’École des beaux-arts d’Indochine. Pourtant, la société de l’époque, marquée par un confucianisme rigoureux, n’est pas propice à l’émancipation féminine… Fondée en 1925, par Victor Tardieu et Nguyen Nam Son, l’école offre aux artistes du pays l’opportunité rare de s’ouvrir à l’art moderne, tout en étudiant les techniques traditionnelles. Lê Thi Luu passe le concours d’entrée en 1927, à seulement 16 ans, et est diplômée en 1932. Œuvrant dans l’esprit de l’institution, visant à former des professeurs pour les futures générations, elle enseigne d’abord à l’École des arts appliqués de Gia Dinh (Saïgon) puis au lycée du protectorat d’Hanoï jusqu’en 1939. Mariée entre temps, elle suit son mari en France, en 1940. Ils y resteront, en raison de la guerre d’une part et, d’autre part, car Lê Thi Luu est bien décidée – tout comme Mai-Thu, Lé Phô et Vu Cao dam à la même époque – à faire carrière à Paris. À l’image de cette Jeune Femme aux fleurs, l’artiste s’est spécialisée dans les portraits féminins peints le plus souvent sur soie. Elle leur confère une lumière et des couleurs bien particulières, privilégiant l’émotion, à la manière de ses maîtres Bonnard et Renoir.
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