Une scène européenne trône au centre de cette porcelaine d’époque Kangxi. Un bel exemple de la production d’exportation effectuée en Chine aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Un trio de musiciens européens installés dans un jardin occupe le centre de ce riche décor en bleu sous couverte. Coiffée à la fontange coiffure très élaborée à plusieurs étages et composée à l’aide de fils métalliques et de dentelles, créée en France à la fin du XVIIe , une jeune femme joue du tympanon, tandis qu’un gentilhomme est à la flûte traversière et un autre au luth. Cette composition est tirée d’une œuvre signée Nicolas Bonnart (vers 1637-1718), célèbre graveur et éditeur d’estampes installé rue Saint-Jacques, à Paris, à partir des années 1670. C’est d’après un dessin de son frère, Robert (1652-1733), intitulé Symphonie du tympanum, du luth et de la flûte d’Allemagne, qu’il réalisa lsa gravure, alors accompagnée des vers suivants : «Un concert est charmant lorsqu’il est bien d’accord. Et qu’on sait justement suivre sa tablature. Mais il est bien plus doux, ou je me trompe fort, quand l’amour prend plaisir de battre la musique.» Une scène, sur fond de romance, qui devait séduire à l’aristocratie européenne de l’époque, représentée ici et entourée, sur la bordure, de paysages typiquement chinois, dans huit écussons en forme de pétales de lotus à décor de montagnes, cavaliers, paysans, forteresse et cabanons. Un mariage exotique qui correspond parfaitement aux porcelaines que les bateaux de la Compagnie des Indes orientales, créée en 1664 par Colbert, rapportaient dans leurs cales vers les ports français.